Le docteur Bencheikh Ghaleb, présentateur vedette de l'émission «Islam» diffusée par France 2 chaque semaine le dimanche, a animé samedi dernier au palais de la culture de Tlemcen une conférence sur le thème «Islam et Démocratie» devant une centaine de personnes dont le wali. Pendant une heure l'auteur de «la laïcité au regard du Coran» et a abordé différentes questions en rapport avec les interrogations sur la dualité et souvent l'opposition farouche entre l'islam et la démocratie. «L'islam a-t-il dit, on prétend le connaître mais on le connait très peu et on est loin de puiser et sa spiritualité et sa profondeur et la civilisation multi séculaire et impériale qu'il a engendré». Quant à la démocratie, a-t-il ajouté, «malheureusement on ne connait pas du tout». Et de s'interroger sur le devenir de l'islam : «Si on veut sortir de l'ornière, il y a lieu de revenir à une véritable spiritualité vivifiante, élévatrice et sortir de la religiosité aliénante et crétinisante et qui culpabilise les consciences ; et pour ce qui concerne la démocratie, il est temps de l'appliquer véritablement et sortir de tous les discours oiseux, creux qui ne riment absolument à rien et qui sont irrecevables en 2014». Le président de la Conférence mondiale des religions pour la paix a déclaré également : «Après avoir mangé une décade et demi du vingt-et-unième siècle, on ne peut pas vivre sur le modèle que nous connaissons maintenant et qui est totalement contre-productif». Revenant à la question de la démocratie, il a affirmé qu'elle signifie «séparation des pouvoirs, équilibre des pouvoirs, alternance au pouvoir, pouvoir et contre-pouvoir, donc répéter ceci et les marteler définitivement pour que ça entre dans la caboche j'allais dire de ceux qui nous dirigent ou prétendent nous diriger». Le conférencier a également estimé que «l'islam malheureusement a connu une régression terrible par rapport à son apogée civilisationnelle et tout ceci parce que l'on a privilégié la norme juridique enferrée dans le patrimoine religieux sans laisser de place à la liberté d'initiative, de conscience, la véritable spiritualité vivifiante, et ce que nous vivons là est justement du à cette crétinisation des esprits, donc il est temps d'en sortir en mettant en avant la séparation des deux ordres, la politique d'avec la religion». Ce sont là, a-t-il souligné, «des voies indiquées pour le progrès, pour l'émancipation des êtres, pour l'égalité fondamentale et anthologique entre les personnes au-delà du genre et des orientations métaphysiques et confessionnelles des uns et des autres. Il faut désacraliser la violence, en finir avec les prêches du vendredi où l'on nous rabâche les oreilles avec la bataille de Badr et les anges qui sont venus porter mains fortes aux Koraïchites, etc. On n'en est plus là, et donc ce travail qui dépasse le simple ‘aggiornamento', c'est une refondation de la pensée dont nous avons besoin. Il est temps de le dire». La conférence a été suivie d'un débat souvent houleux eu égard à la position tranchée du professeur Bencheikh Ghaleb, par ailleurs, membre du comité de parrainage de la coordination française pour la décennie de la culture de non-violence et de paix. B. A