Quelques mois seulement, c'est le temps qu'a duré la réconciliation inter-palestinienne, qui a abouti au printemps dernier à la formation d'un gouvernement d'union nationale entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le mouvement Hamas. Une nouvelle escalade verbale entre les responsables des deux parties vient encore fois raviver les déchirements internes des rangs palestiniens, sur fond de polémique due aux derniers attentats ayant visé des cadres du Fatah dans l'enclave de Gaza. Signe de tension : le mouvement Hamas a annoncé que sa police ne pourrait pas sécuriser les célébrations du 10e anniversaire de la mort de Yasser Arafat, qui avaient, de ce fait, été annulées. Réagissant en effet aux accusations de Mahmoud Abbas, selon lequel son mouvement serait responsable des attentats susmentionnés, le Hamas a dénoncé hier les "mensonges" et les "insultes" du président palestinien Mahmoud Abbas. "Le discours de Abbas est un tissu de mensonges, d'insultes et de désinformation", a affirmé Mouchir al-Masri, un porte-parole du Hamas, ajoutant qu'"il est la preuve de son caractère sectaire et partisan alors même que le peuple palestinien a besoin d'un président courageux". "Le Fatah essaie de faire porter au Hamas la responsabilité de l'échec dans l'organisation de cet anniversaire et tente de cacher sa crise interne en accusant le Hamas", a-t-il encore souligné. M. Abbas avait dit déplorer dans ce discours prononcé devant des milliers de Palestiniens rassemblés à Ramallah le fait que le Hamas cherche à "saboter" et à "détruire" la réconciliation signée au printemps qui a donné naissance à un gouvernement d'union. Le Hamas, a répliqué M. Masri, député du Hamas, est également "inquiet pour la réconciliation". Après la série d'explosions ayant visé vendredi les maisons et les voitures d'une dizaine de cadres du Fatah, le président palestinien Mahmoud Abbas a accusé hier le Hamas de "saboter" et de "détruire" la réconciliation palestinienne, à la suite d'explosions ayant visé vendredi les biens de cadres du Fatah dans la bande de Gaza. "Ceux qui ont perpétré les explosions à Gaza sont les dirigeants du Hamas, et ils sont responsables", a lancé M. Abbas lors d'un discours à Ramallah à l'occasion du 10e anniversaire de la mort de Yasser Arafat. Il a dénoncé des actions pour "saboter et détruire le projet national palestinien". Face a ces accusations, le Hamas a condamné ces attentats et dénoncé une campagne contre lui. Ces attentats et ces attaques verbales, prononcées dans le contexte du 10e anniversaire de la mort de Yasser Arafat, constituent l'épisode de tensions le plus grave entre le Fatah et le Hamas depuis leur réconciliation le printemps dernier. Ils ont pour effet, d'aggraver davantage la division palestinienne, qui avait déjà mené en 2007 à une quasi-guerre civile. Cela intervient dans un contexte marqué par les violences quasi quotidiennes qui secouent Jérusalem-est (al-Qods), et qui se sont récemment cristallisées autour d'Al-Aqsa sur l'esplanade des Mosquées, le troisième lieu saint de l'islam où des extrémistes juifs réclament le droit de prier. Les Palestiniens "défendront Al-Aqsa et les églises contre les colons et les extrémistes", a promis M. Abbas, dont les propos faisaient référence aux églises chrétiennes. Il a évoqué le projet palestinien de soumettre courant novembre au Conseil de sécurité un projet de résolution fixant une date butoir pour la fin de l'occupation israélienne. Et a de nouveau promis que l'Etat de Palestine — qui a le statut d'observateur à l'ONU — adhérerait à une multitude d'organisations internationales si le projet de résolution était rejeté. "Nous ne tolérerons aucune pression", a-t-il dit, en faisant allusion notamment aux pressions américaines pour que les Palestiniens renoncent à leur démarche auprès Conseil de sécurité. A. R.