Organisée avant-hier et hier à l'université de Batna, cette troisième édition du rendez-vous scientifique dédiée à la (aux) littérature(s) du Maghreb a tenté de répondre à certaines problématiques : le rapport décomplexé ou conflictuel à la langue de l'Autre, les thématiques abordées ou encore la question du local et de l'universel. Les organisateurs (président, comité scientifique, comité organisateur) et les étudiants – qui ont été mis à contribution – ont conjugué les efforts dans un seul objectif : la réussite de ce 3e colloque international, que l'université de Batna a organisé (faculté des lettres et des langues – le département de français, laboratoire de recherche L.SELNom) et abrité (avant-hier et hier). Dans son allocution d'ouverture, le président du colloque, le professeur Saïd Khadraoui, a insisté sur le facteur "d'appartenance et de non-appartenance" à la fois de cette littérature "dite dans la langue de l'Autre". Il a souligné que "les auteurs maghrébins d'expression française ne sont pas spécifiques ou universels. Comme l'illustrent leurs productions, comme le prouvent les communications du colloque, ils ont les deux à la fois et, de surcroît, ils ont leurs manières d'être, et ainsi la capacité de parcourir les différences. Sagement et prodigieusement, ils ont donné une forme spécifique à l'universel et un sens universel au spécifique". L'intervenant a également rappelé l'apport et la contribution des hommes de lettres maghrébins, sans frontière aucune, à l'épanouissement et à la langue, à la culture et à la littérature françaises tout en restant eux-mêmes. Ni acculturation ni déculturation. Et d'ajouter : "Si la littérature maghrébine d'expression française est à l'écoute du nouveau siècle millénaire, c'est parce qu'à côté d'auteurs déjà connus, tels Amin Zaoui, Hafedh Jdidi, Rachid Boudjedra, Assia Djebar, Yasmina Khadra..., émerge une nouvelle génération d'écrivains tels que Kamel Daoud, Anya Mérimèche, Anys Mezzaour, qui contribuent au renouveau du paysage littéraire maghrébin et attestent de la fécondité de l'imagination magrébine". La faculté d'être soi-même, l'aptitude d'innover, la capacité de s'ouvrir sur l'Autre et son esprit sur autrui, la richesse et la diversité ne s'opposent aucunement à la particularité, sinon l'infécondité cède la place à la fertilité. Le chef du département français, Tarek Benzeroual, le doyen de la faculté des lettres et des langues, Abdessalam Dif, ou encore l'invité d'honneur du colloque, l'écrivain Amin Zaoui, ont mis l'accent sur le formidable potentiel littéraire, aussi bien en arabe qu'en français, dont jouit l'Algérie en particulier et le Maghreb en général. Les dernières récompenses récoltées par Kamel Daoud "sont un exemple qui balaie d'une main les prétentions, voire les élucubrations de certains qui ont prédit et prédisent la mort de la littérature maghrébine", a lancé Amin Zaoui. Le professeur Ali Aoun (université de Tunis) a abordé le thème de la littérature tunisienne "post-révolution" : esthétique nouvelle et formes variées. Le conférencier a assuré que "les fruits de la révolution ne sont pas encore visibles et les répercussions favorables à la culture et à la littérature tardent à venir". Pour lui, "les années de dictature et de silence imposés ont eu des répercussions lourdes". Pour sa part, l'universitaire Aziza Ounis (université d'Alger II) a abordé l'écriture de Rachid Mimouni. S'en est suivi un débat fort intéressant. R. H.