Résumé : Un jour de repos, Wassila reçoit Khadidja sa nouvelle voisine. Cette dernière voulait changer de tête et surtout trouver un remède à la nature rebelle de ses cheveux. Wassila la métamorphose. Khadidja est ravie... Avant de partir, elle tente de satisfaire sa curiosité, et incommode Wassila par ses questions. Une fois la porte refermée, Wassila se hâte de s'habiller. Elle devait réellement se rendre chez sa sœur Meriem, qui venait d'accoucher, et elle était en retard. Khadidja était une vraie pie... Elle se rappelle les dires de Athmane et se met à rire. Non seulement, l'homme l'avait mise en garde contre les ragots de sa femme, mais il avait un peu exagéré sur la nature de ses cheveux. Khadidja les avait, certes, secs mais non indomptables. Seulement, cette dernière ne semblait pas prendre en considération les goûts de son époux. Pis encore, elle ne s'intéressait pas à son apparence et ne s'entretenait pas. C'était le genre de femmes qui traînaient à longueur de journée d'une fenêtre à l'autre de leur appartement afin d'épier le voisinage ou récolter les dernières médisances... Pour le reste, elles rejetaient toujours la balle à leur mari. Comme l'élégance demande des moyens, elles n'en avaient pas, et les hommes ne peuvent pas ou ne veulent pas toujours débourser... etc. Pourtant, souvent, il suffisait de très peu pour se sentir bien dans sa peau. Un petit maquillage, une jolie robe d'intérieur, un coup de peigne ou une petite coupe... Tout cela ne coûtait pas une fortune. C'est avant tout une manière d'affirmer sa personnalité. Et pourquoi pas, une façon de plaire... Dieu est beau, et aime la beauté. La femme est née pour être belle et attirante afin que son mari la respecte et ne s'ennuie pas trop en sa présence. Mais on avait beau répéter à ces femmes que les apparences peuvent contribuer au bonheur d'un couple, elles n'en faisaient qu'à leur tête, préférant rêver devant les feuilletons à l'eau de rose ou jeter des regards d'envie à des femmes plus élégantes qu'elles. Tous les subterfuges sont valables pour justifier leur négligence, sans pour autant chercher à y remédier. Khadidja est sûrement de cette branche, se disait Wassila, qui s'emparait de son sac avant de quitter l'appartement. En fin de journée, alors qu'elle revenait de chez sa sœur, elle rencontre Athmane au seuil de l'immeuble. Il semblait incontestablement l'attendre et sourit à sa vue : -Ah ! on rentre enfin chez soi... Wassila ébauche un sourire : -Il le faut bien... -Je ne sais pas ce que vous avez fait à Khadidja, mais elle est métamorphosée... Je l'ai trouvée plutôt jolie avec sa nouvelle coiffure. -Eh bien je suis contente que cela vous plaise... -Moi aussi je suis content que vous ayez pu discipliner ces "épines" qu'elle a sur la tête... Wassila lève une main pour l'interrompre : -Arrêtez, sinon je ne pourrais plus contrôler mon rire... Heu... Je vous assure que Khadidja a des cheveux tout juste secs... De nos jours ce n'est plus une calamité... Il y a plein de moyens pour traiter de tels cheveux... -En tous les cas, je vous remercie pour vos efforts... J'espère que Khadidja a compris que tout est question d'entretien... -Oui... Je l'ai bien conseillée... D'ailleurs nous sommes voisins. Si je peux faire quelque chose, n'hésitez pas à le demander. -Merci, Wassila. Il l'avait appelée par son prénom. Khadidja a dû le lui donner. Elle hésite un peu avant de répondre : -Il n'y a pas de quoi, Athmane. -Je suis commerçant dans le prêt-à-porter et les cosmétiques... N'hésitez pas vous aussi à avoir recours à mes services en cas de besoin... -Je n'y manquerais pas... Merci. La jeune femme rentre chez elle et se demande si réellement le couple d'en face vivait en harmonie. L'homme était tout à fait le contraire de sa femme. Il était charmant, et avait de la classe et de l'élégance. Il s'habillait bien. Se rasait de près, régulièrement, et se parfumait. Il était gentleman aussi...Rien qu'à sa manière de s'adresser à elle, elle avait compris qu'il avait du savoir-vivre. La vie reprend sa routine. Wassila se rendait quotidiennement au salon de coiffure. Elle rencontrait souvent aussi son voisin à sa sortie en fin de journée, et ils échangeaient quelques amabilités sans plus. Khadidja passait maintenant régulièrement à la maison. Elle avait fait connaissance avec Taos, et entamait avec elle de longs sujets de conversation. Des sujets souvent sans importance bien sûr. Mais comme Taos passait la journée à tourner en rond dans sa maison, la présence de Khadidja ne la dérangeait pas trop. Bien au contraire, la jeune femme, lui donnait des nouvelles du voisinage, ou lui proposait des sorties dans le quartier pour d'éventuelles courses ou des promenades en fin d'après-midi. (À suivre) Y. H.