Résumé : Taos rêvait de caser sa fille et de réaliser son rêve de faire une omra... Elle rêvait de se rendre à La Mecque. Mais tant que Wassila est célibataire, elle ne pouvait rien faire. Des rires lui parvenaient du salon. Sa belle-sœur faisait les éloges de sa bru... Taos suivait distraitement la conversation... Halima la tire de ses méditations, et lui parle de Wassila. Halima se racle la gorge avant de poursuivre : -Je me demandais justement si elle n'aurait pas mieux fait de se marier au lieu de penser à coiffer et à maquiller quotidiennement des mariées. Taos dépose brutalement une tasse devant elle, avant de se redresser : -Ma fille refuse de s'engager avec le premier venu... Je ne vois pas pourquoi tu m'en fais à chaque fois la remarque Halima. -Je parle de ma nièce pardi ! Je veux la voir casée et heureuse... -Je te remercie pour tes nobles intentions, mais Wassila attend son maktoub. Elle prend la cafetière pour verser le café brûlant dans les tasses. Afin de couper court à cette conversation qui commençait à la fatiguer, elle lance d'une voix ferme : -Nous devrions penser à marier aussi Soraya et Kahina... Outrée, Halima fronce les sourcils : -Mes filles sont encore bien jeunes. Elles étudient. -Tu veux insinuer que Wassila est vieille ? -Je n'ai pas dis ça, Taos. Je... je voulais juste... Taos lève une main : -Changeons de conversation veux-tu, Halima. Ilham va nous prendre pour des pies. Elle se tourne vers la jeune mariée, et lui sourit : -Excuse-nous ma fille. C'est la première fois que tu mets les pieds dans ma maison, et tu es bien servie. Ilham ébauche un sourire : -Ce n'est rien tante Taos... Je fais maintenant partie de la famille, et je trouve ces échanges de propos tout à fait légitimes entre vous et ma belle-mère. Taos s'assoit en s'essuyant le front : -Je me sens un peu fatiguée ces derniers temps. Les aléas de l'âge nous rattrapent toujours. Elle se tourne vers son mari Saïd, qui discutait dans un coin avec son neveu, et lui lance : -Tu n'as pas terminé de palabrer ? Tu as saoulé Fatseh par tes conversations sans fin. Loin de se désappointer, son mari lui tendit sa tasse vide : -Pense plutôt à nous verser un café... Tu as oublié tes bonnes manières aujourd'hui. On dirait que tu es dans la lune. Halima se met à rire et donne raison à son frère : -C'est ce que je pensais moi aussi... Taos se retourne vivement vers son mari : -Moi au moins je ne passe pas mon temps à somnoler devant la télé... Tu passes tes journées à traîner la savate à travers l'appartement, et tu oses me traiter de distraite... C'est un peu exagéré pour quelqu'un qui passe le plus clair de son temps à chercher la lune en plein jour. Excitée par cette scène improvisée, Halima se met franchement à rire : -On dirait que c'est la journée des malentendus... -Non ma chère belle-sœur... Tu te trompes... Disons plutôt que tes sous-entendus sont de mauvais goût. Fatseh, qui jusque-là avait gardé le silence, s'insurge : -Pourquoi toute cette animosité alors qu'on voulait juste passer un agréable moment tous ensemble ? -Demande-le plutôt à ta mère, lance Taos. -Mais ce n'est pas moi qui... Fatseh interrompt sa mère : -Arrête avec tes sous-entendus, maman ! Il prend à témoin Saïd : -Tu vois, mon oncle, les femmes pensent toujours bien faire, mais lorsqu'elles déclarent la guerre, c'est elles qui veulent toujours avoir le dernier mot. Saïd hoche la tête : -J'en connais un bout, fiston... Mes cheveux blancs en sont d'ailleurs témoins. Il rit, et lui lance une boutade : -Au début tout est beau, tout est agréable. Mais plus tard tu découvriras toi aussi les déboires des hommes mariés... Heu... Désolée, Ilham... Je voulais juste mettre ton mari en garde contre les désagréments des ménages... Ne m'en veuillez pas mes enfants... La réalité est souvent difficile à admettre... Ce qui est valable pour les hommes l'est aussi pour les femmes... Nous ne sommes pas des anges, nous non plus. Taos avait terminé de verser le café, et s'était installée auprès de sa belle-sœur. Elle regarde son mari et rétorque : -Les anges sont au Paradis, par contre nous les humains, nous vivons dans un monde de malédictions... Que Dieu nous en préserve. Soraya discutait à voix basse avec sa sœur, et Taos avait remarqué que Kahina la regardait et chuchotait quelque chose dans l'oreille de sa frangine. -Que vous racontez-vous donc vous deux ? Pourquoi ces chuchotements et ces coups d'œil ? (À suivre) Y. H.