Résumé : Khadidja vint prendre des nouvelles de Wassila... Elle lui conseille une roqia, car elle est certaine que tous les malheurs dont souffre la jeune femme sont dus au mauvais œil. Wassila est fatiguée par les bavardages de sa voisine. Athmane s'amènera deux jours plus tard avec des béquilles... Elle s'appuie sur une béquille et se relève cette fois-ci sans trop de mal. Cependant, comme elle n'était pas encore habituée à cette aide improvisée, elle ne sut comment faire ses premiers pas sans trébucher. Athmane lui ajuste les béquilles sous les bras : -Voilà... En principe ça devrait aller... Ne force pas trop sur l'autre jambe, tu vas la fatiguer, et elle va perdre de son tonus. C'est pour cela qu'il vaudrait mieux utiliser les deux béquilles en même temps, surtout pour les débuts. Wassila prend la deuxième béquille et peut enfin se tenir debout et faire quelques pas dans sa chambre : -Tu as enfin pu décrocher ton permis de circuler, lui dit Athmane en riant. Elle rit : -Et toi tu as toujours le mot qu'il faut pour remonter le moral. Merci Athmane... -De quoi donc ? Tout le plaisir est pour moi... Je suis content de te voir reprendre du poil de la bête... Hier, tu étais si pâle que j'ai cru que tu allais t'évanouir... Même Khadidja m'en avait fait la remarque. -Oui... Je ne me sentais pas bien du tout... C'est le manque de sommeil surtout qui me perturbe. Ce plâtre pèse une tonne. -Je sais... J'en ai déjà fait l'expérience, il y a quelques années. Je me suis fracturé la cheville en jouant au ballon. -Et après ? -Eh bien, après une bonne période de repos, on m'a enlevé le plâtre, mais j'ai entamé de longues séances de rééducation pour récupérer totalement. -On va sûrement m'en prescrire à moi aussi. -Sans aucun doute... Avec deux fractures, la guérison risque d'être assez longue. Il sourit avant de reprendre : -Ne t'en fais donc pas Wassila... Si tu t'ennuies trop, je te passerai des livres ou des DVD pour passer le temps... -J'aime la lecture... Je ne dirais pas non à quelques propositions littéraires. -Très bien. Quelles sont donc tes tendances ? -Je lis un peu de tout, mais mes préférences vont vers la littérature française et américaine... -Cela tombe bien... J'ai toute une collection de livres classiques français, et un ami vient de m'offrir une série de Barbara Wood... Cela te dit ? -Barbara Wood ? Mais j'adore ! Je suis subjuguée par ses récits, c'est une véritable aventurière. -Alors tu seras servie Wassila. Dans l'après-midi, il revint les bras chargés de livres et de revues, que Wassila se met à feuilleter sans tarder : -C'est sublime... Je vais passer d'agréables journées à lire sur le balcon. -J'ai choisi des titres susceptibles de t'intéresser... Bonne lecture... -Je ne saurais jamais te remercier assez Athmane... -Ne me remercie surtout pas, sinon je me sentirais en présence d'une étrangère. À ce moment, Taos entre dans la chambre avec un plateau de café : -Athmane tu ne seras jamais un étranger chez nous... Tu es notre voisin et notre fils... Que Dieu t'accorde une longue vie et te protège des mauvaises intentions. -Merci khalti Taos, mais je vous assure que je n'ai fait que mon devoir. Il sirote son café et reprend : -N'hésitez surtout pas à taper à la porte d'en face en cas de besoin... Je ne le redirai jamais assez. Et même lorsque je ne suis pas à la maison Khadidja est là. Taos sourit : -Nous aimons bien Khadidja, mais lorsqu'elle se lance dans une conversation, elle est bien partie pour de longues heures. Athmane lève les bras au ciel : -Que vais-je donc dire moi, son mari ! Ma femme est une pie... Elle aime épier et colporter. C'est un trait de son caractère que je n'ai jamais apprécié. Mais en dehors de ça, elle n'a pas mauvais cœur. -Pas du tout. Bien au contraire... C'est une femme très serviable. -Alors profitez de sa générosité sans avoir à en rougir... Il sourit : -C'est moi qui dépense bien sûr, mais c'est elle qui gère. -Que Dieu vous inonde de ses biens mon fils... Il dépose sa tasse et se lève : -Sur ce, je dois vous quitter. Je suis content de te voir arborer cette bonne mine Wassila... Désormais, la lecture te tiendra compagnie. -Grâce à toi, je ne vais pas m'ennuyer Athmane... Mais cela ne veut pas dire que tu ne vas pas passer de temps à autre... -Essaye donc de m'en empêcher... Wassila se mordit les lèvres. Qu'avait-elle dit ? N'était-il pas indécent de demander à un homme, même s'il était un voisin, de passer la voir, alors qu'elle était encore alitée ? Mais Athmane ne semblait pas prendre la chose du mauvais côté, et elle lui en était reconnaissante. (À suivre) Y. H.