Résumé : Wassila se rappelle les circonstances de ses premières rencontres avec Athmane... Les nouveaux voisins venaient d'emménager, et ils avaient échangé des politesses entre eux. Un jour, alors qu'elle rentrait chez elle les bras chargés, Athmane lui proposa son aide et lui demanda de coiffer sa femme. Selon lui, elle avait des cheveux impossibles à discipliner. Le lendemain était une journée de repos pour Wassila. Elle était en plein ménage lorsqu'on sonne à la porte. C'était Khadidja, la nouvelle voisine, qui, suivant le conseil de son mari, venait pour un premier contact. Wassila la reçoit et lui propose un café, avant d'insister pour la coiffer. A la fin de leur entretien, Khadidja était si contente de sa nouvelle tête qu'elle n'arrêtait pas de se contempler sous tous les angles, dans tous les miroirs qui se trouvaient à sa portée. -Mon mari ne va pas me reconnaître... Il n'aime pas trop mes cheveux secs. Mais vous avez si bien travaillé que je suis métamorphosée... Ma nouvelle coupe et la couleur ne sont pas pour me déplaire... -Vos cheveux manquent d'entretien, voilà tout. Vous n'avez pas une nature si rebelle que ça...Parfois il suffit de tomber sur de bons produits pour discipliner une chevelure comme la vôtre. -J'ai tout essayé : les bains d'huiles, les masques, les shampooings... -Il faut d'abord connaître la nature de ses cheveux avant de penser aux soins... Je vous proposerais plutôt un petit défrisage. Vous n'auriez plus à avoir honte de vos cheveux. -Merci... Oh ! merci Wassila... Je suis vraiment comblée de vous avoir comme voisine. -Tout le plaisir est pour moi... Je vous conseillerais aussi de vous maquiller de temps à autre... Elle lui fait un clin d'œil : -Les hommes ne sont pas aussi indifférents sur l'aspect physique qu'ils le prétendent... C'est l'apparence d'une femme qui attire en premier lieu, n'est-ce pas ? Khadidja sourit avant de chuchoter : -Vous avez raison là-dessus... Mon mari aime les belles nanas. Je l'ai surpris à maintes reprises à admirer les mannequins à la télévision... -A la télévision ? -Oui... Il ne cesse pas de me ressasser que je devrais prendre exemple sur les femmes qui savent s'entretenir... Moi j'aimerais bien, mais avec deux enfants sur les bras, le ménage, la cuisine et le reste, l'envie n'est pas toujours au rendez-vous. -Qu'à cela ne tienne... Je suis à deux pas de vous... Vous n'aurez qu'à passer de temps à autre à la maison pour vous sentir mieux dans votre peau et plaire à votre mari... -Athmane... -Qui ? -Athmane... Mon mari... -Ah ! Il s'appelle Athmane ? Wassila se rendit compte que la veille ils n'avaient pas pris la peine de se présenter l'un à l'autre, se contentant d'un simple "Mademoiselle" et "Monsieur". -Oui... Je lui répète souvent que pour qu'une femme soit toujours à la page, il faut qu'elle ait les moyens. Moi je ne suis pas active, c'est donc à lui de mettre le paquet de temps à autre pour me permettre d'être à son goût. -Je vous comprends... Les hommes sont parfois égoïstes. -Parfois ? Ils le sont tout le temps ma chère...Votre mari n'est pas de cette branche ? Wassila ne voulait pas trop parler d'elle, mais la question la prenait de court, et elle dut répondre : -Je ne suis pas mariée. Khadidja prend un air étonné : -Pas mariée ? Une aussi jolie femme... ? Puis se reprenant devant l'air médusé de Wassila, elle rajoute : -Ah ! Je me disais qu'une femme aussi élégante que vous ne devrait pas s'encombrer d'un homme... Vous êtes libre dans vos engagements... Seulement, il faut quand même penser à votre avenir, les parents ne sont pas éternels. Quelle mégère ! Athmane avait raison de l'avertir à l'avance sur sa femme qui, une fois lancée sur un sujet, ne semble pas vouloir s'arrêter. -Je vous remercie pour votre visite Khadidja... -Mais non, c'est moi qui dois vous remercier pour tout Wassila... Je suis vraiment ravie... Cette coiffure me va à merveille... Je crois que je vais m'abonner chez vous... -Pas la peine. Pour un coup de peigne de temps à autre, vous pouvez avoir recours à mes services à domicile... Je coiffe toutes les voisines, pourquoi pas pour vous ? -C'est une véritable aubaine pour moi de vous avoir comme voisine de palier... -Eh bien, profitez-en ! Wassila avait ouvert la porte d'entrée, mais Khadidja ne semblait pas vouloir s'en aller : -Vous vivez seule ? -Mais non... Je vis avec mes parents et mon frère.... - Comme je n'ai rencontré personne d'autre chez vous, je me disais que... -Ils se sont tous rendus chez ma sœur aînée...Elle vient d'avoir son second enfant... -Ah ! Mabrouk... Mabrouk... -Je dois m'y rendre moi aussi, s'empresse d'ajouter Wassila qui commençait à vraiment en avoir marre de la présence de cette voisine incommodante. -Eh bien, je vous remercie encore une fois pour tout... Mes amitiés à vos parents et mes chaleureuses félicitations à votre sœur... Je reviendrais prendre le café une autre fois chez vous... -Vous serez la bienvenue Khadidja. (À suivre) Y. H.