L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont annoncé que leurs ambassadeurs allaient retourner au Qatar, d'où ils avaient été rappelés le 5 mars. Cette annonce symptomatique, d'un retour à la normale des relations multilatérales des monarchies du Golfe, après les dissensions qui ont failli avoir raison de la cohésion du groupement régional, intervient après des concessions du Qatar. Outre le fait qu'elle désamorce une crise sans précédent depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), elle ouvre la voie à la tenue en décembre de son sommet annuel à Doha. C'est en fait le principal résultat de la réunion, des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dimanche 16 novembre, à la faveur d'un sommet surprise à Riyad, la capitale de l'Arabie saoudite. Cela est également le fruit des efforts, déployés par le Koweït, en sa qualité de médiateur dans la "guerre froide" entre le Qatar et l'Arabie saoudite. Les représentants du Koweït, des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite, d'Oman, du Bahreïn et du Qatar ont pris part à ces discussions qui visaient à trouver une solution à leurs différends. Le soutien de Doha aux Frères musulmans, constitue le premier point de discorde du Qatar avec ses voisins qui l'accusaient notamment de déstabiliser la région, de soutenir les islamistes proches de cette organisation dans les autres pays du Golfe et de servir de refuge à des islamistes d'autres pays arabes. Ce qui laisse deviner la nature des concessions faites par le Qatar et qui interviennent dans le sillage de la décision, prise en septembre dernier, d'inviter certaines personnalités proches des Frères musulmans — classée organisation «terroriste» en Arabie saoudite et aux Emirats — à quitter le Qatar. Aussi, l'accord obtenu, dimanche, à Riyad après huit mois de tension, sous l'impulsion de "la situation délicate que traverse la région", eu égard à la menace terroriste de Daech qui vise explicitement les pays du Golfe, promet "l'ouverture d'une nouvelle page" dans les relations entre les membres du CCG, dont trois pays membres, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn, ont d'ailleurs décidé de renvoyer leurs représentants à Doha. De l'avis de nombreux experts, les pays arabes du Golfe ne pouvaient pas laisser se perpétuer leurs divisions au vu des crises multiples et graves qui secouent le Moyen-Orient. Ces riches monarchies pétrolières craignent en particulier pour leur sécurité après leur engagement dans la coalition lancée par les Etats-Unis contre l'Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie. Le règlement de la crise était une urgence dans un contexte marqué par l'essor de groupes islamistes extrémistes et la guerre contre l'EI à laquelle participent toutes les monarchies du CCG, sauf Oman. Washington a certainement fait passer des messages pour rapprocher les points de vue et l'Arabie saoudite aurait montré un certain agacement face aux jusqu'au-boutistes du CCG, croit savoir un expert. A. R.