C'est par une journée printanière qu'une émouvante cérémonie initiée par l'Association des amis de la Rampe Louni-Arezki (Casbah) a eu lieu au Centre culturel de Makouda pour la présentation de la maquette d'un mémorial dans l'enceinte de la maison natale du chahid Louni Arezki guillotiné à la sinistre prison de Serkadji à Alger le 8 avril 1957. Réalisés par de jeunes étudiantes et étudiants en architecture de l'université de Tizi Ouzou sous la direction de leur professeur Medjber Mohamed assisté par le professeur Mesli Hacene et Ghenima Kemkem, enseignante et conseillère pédagogique, ces supports didactiques ont mis en évidence la motivation, l'abnégation et les performances techniques de ces futurs architectes qui ont réussi des ouvrages de toute beauté. Inspirés par la vie et le parcours du chahid lors d'une visite guidée effectuée à La Casbah d'Alger et à la lumière d'une synthèse biographique communiquée par l'Association, ce collectif d'étudiants a réalisé trois variantes architecturales des styles berbère et mauresque. L'empreinte de cette symbolique très forte a renoué avec la mémoire d'une destinée commune partagée par Makouda le village natal du chahid qu'il a quitté avec sa famille à l'âge de 8 ans et La Casbah d'Alger qui l'a adopté en fils prodigue pour en faire un héros et un modèle de sacrifice pour que vive l'Algérie, sa patrie tant aimée. Ces chefs d'œuvres d'architecture ont su mettre en valeur un riche patrimoine national de la montagneuse Kabylie et de la citadine médina d'Alger à travers une géniale interpénétration de l'histoire de l'art des deux régions matérialisée à l'entrée du Mémorial par une porte ouvragée d'époque et des arcs en arabesque sur tuiles teintées en vert en rappel de la cité antique d'El-Djezaïr. La nombreuse assistance a aussi été captivée par un film documentaire de grande émotion qui a fidèlement retracé l'épopée du chahid Louni Arezki en le ressuscitant lors de sa funeste exécution aux cris de Tahya El Djazaïr. Ce jour là à l'aube de sa disparition cruelle, il dissimula dans son pantalon une particule de son assiette à manger en fer blanc qui patiemment aiguisée des mois durant était devenue une arme de résistance où il a éventré son bourreau en prononçant à haute voix une sentence héroïque vis-à-vis de ses bourreaux : "Je n'ai pas attaqué l'homme, j'ai attaqué la France colonialiste pour mourir en résistant". Cette belle fresque qui fut agrémentée tout au long de la projection par une partition musicale "d'hymnes" historiques bien connus tels que Ayema azizen ouretsrou du célèbre résistant et regretté Farid Ali et le chant de la victoire El hamdou lilah mabakach listiâmar fi bladna de l'emblématique Hadj M'hamed El Anka ont suscité une intense émotion auprès d'une assistance nombreuse. Le jumelage des deux communes de La Casbah d'Alger et de Makouda s'inscrit dans la perspective d'un travail de mémoire à dessein d'une connaissance réelle de l'Algérie et des liens humains indéfectiblement forgés à travers l'histoire et la communauté de destin, des différentes régions d'Algérie pendant les terribles épreuves de la colonisation surmontées victorieusement par la volonté et l'union du peuple algérien. En l'absence du président de l'APC de Makouda en déplacement pour des raisons professionnelles, le 1er vice-président Hocine Djoudi a réservé avec les élus locaux un accueil très chaleureux à leurs hôtes et a vivement félicité les étudiants pour l'œuvre accomplie. L'événement a également été rehaussé par la présence inopinée du célèbre boxeur Abdelkader Ould Makhloufi qui en la circonstance était accompagné de Mustapha Benali-Abdallah également membre de l'Association. Au terme de cette mémorable cérémonie, une coordination composée de l'Association des amis de la Rampe Louni Arezki, de l'Assemblée populaire communale de Makouda et de l'université de Tizi Ouzou s'est chargée du suivi et de l'évolution des différentes étapes préliminaires à la réalisation de l'ouvrage.