Lancé en grande pompe en 2001, ce programme n'a pas donné lieu à beaucoup d'actes concrets. Le bilan du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) est “satisfaisant”, mais nécessite davantage d'efforts pour hâter sa mise en œuvre. Le président Abdelaziz Bouteflika et son homologue nigérian, Olesegun Obasanjo, se sont relayés, hier, à la tribune du Sommet du Nepad, tenu à l'hôtel Sheraton à Alger, pour vanter les objectifs atteints par son programme qui n'avait jusque-là donné lieu qu'à de belles paroles, mais peu d'actes concrets. Une quinzaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains ont pris part à ce sommet qui s'est déroulé en deux réunions séparées : la réunion des comités des chefs d'Etat et de gouvernement pour la mise en œuvre du Nepad, d'une part, et la réunion du forum du Mécanisme africain d'évaluation par les pairs (Maep, un nouveau système d'évaluation collégiale de la “bonne gouvernance”), d'autre part. L'Algérie sera évaluée par le Maep en 2005 À l'issue de la réunion du Maep, tenue dans la matinée, le président nigérian a révélé que l'Algérie a été désignée parmi les pays qui seront évalués en 2005 dans le cadre de ce mécanisme. Le président Bouteflika, présent aux cotés d'Obasanjo lors d'une conférence de presse, a précisé que l'Algérie “était prête à accueillir une mission d'évaluation du Maep” à tout moment. Six autres pays seront évalués en même temps que l'Algérie : le Nigeria, le Mali, le Sénégal, l'Ouganda, et le Mozambique. À l'ouverture de ce forum, Abdelaziz Bouteflika a relevé avec “satisfaction” les premières interventions du panel (des experts du Maep) dans les quatre premiers membres qui ont été évalués cette année, à savoir le Rwanda, le Ghana, le Kenya et l'Île Maurice, dont deux rapports devraient êtres finalisés au premier trimestre 2005. Selon lui, cette première expérience, qui a permis d'identifier les facteurs à même de garantir un bon déroulement du processus d'évaluation, a rendu nécessaire la mise en place à l'échelon nationale “d'une structure adéquate et représentative”. Celle-ci devrait permettre une meilleure organisation des “processus participatifs” des principaux acteurs de la société civile. L'Algérie a déjà installé un groupe de travail chargé de lancer les préparatifs pour l'élaboration du rapport national d'évaluation et du programme préliminaire d'action. Le président Bouteflika et son homologue nigérian ont longuement insisté sur les modalités de financement du Maep. “Le fonctionnement du Maep doit reposer sur un financement adéquat, assurant à la fois ses activités et son indépendance et garantissant son caractère africain”, a affirmé le président Bouteflika. Toutefois, le président n'a pas exclu le recours à “des ressources additionnelles” auprès des organisations et institutions africaines publiques et privées et des partenaires au développement. M. Bouteflika a préconisé la mise en place “d'un fonds d'affectation spécial” auprès du programme des Nations unies, qui pourrait, à ses yeux, mobiliser de telles contributions. Mais d'ores et déjà, quatre pays africains, l'Algérie, l'Egypte, l'Afrique du Sud et le Nigeria, se sont engagés, lors de la réunion d'hier, à apporter une contribution de 4 millions de dollars pour le financement du Maep. M. Obasanjo a, par ailleurs, indiqué que le sommet du Maep se tiendra à la mi-avril en Egypte. Les Africains “satisfaits” des “progrès” du Nepad, mais… Les dirigeants africains ont exprimé la même satisfaction à l'ouverture de la 12e réunion du Comité des chefs d'Etat et de gouvernement pour la mise en œuvre du Nepad, tenue peu de temps après celle du forum du Maep. Abdelaziz Bouteflika a “relevé une évolution tangible” dans la prise en charge des conflits régionaux et des situations d'instabilité en Afrique. “Si plusieurs conflits ont été réglés, d'autres font encore l'objet d'un processus de règlement”, a expliqué le président algérien. Selon lui, le Nepad a également permis “une évolution vers la consolidation de la démocratie à travers les progrès constants réalisés sur les plans de la représentation populaire, du débat pluraliste et de la liberté d'expression dans presque tous les pays africains”. Le Nepad a également permis, a-t-il ajouté, à de nombreux pays africains de “rechercher une plus grande efficacité dans la gestion économique et financière et le fonctionnement de leurs appareils judiciaire et administratif”. Ces évolutions ont contribué, selon le président Bouteflika, à une “relance sur des bases saines de l'activité économique en Afrique qui s'est traduite par un taux moyen de croissance de 3,6% en 2003”. Ce taux sera supérieur à 4% pour l'année en cours, a révélé M. Bouteflika, s'appuyant sur des estimations provisoires. Toutefois, le président algérien a souligné que “beaucoup d'efforts restent à déployer au niveau national” par les membres du Nepad afin de mettre “pleinement en valeur le vaste potentiel de croissance dont ils disposent”. Des rencontres sont prévues avant la fin janvier avec les communautés économiques régionales africaines comme l'UMA (Union du Maghreb arabe) pour “voir ce qui peut être fait pour faire avancer la réalisation de ces projets”. Les membres du Nepad ont mis en place lors de ce sommet un groupe de travail chargé de plancher sur une éventuelle intégration de ce programme dans les structures de l'Union africaine (UA). Ce groupe de travail doit rendre ses conclusions lors du prochain sommet de l'UA prévu à Abuja (Nigeria) en janvier prochain. La réunion du Nepad a également décidé d'examiner en 2005 le partenariat international, notamment une revue sur la réalisation des objectifs du millénaire, sur la réduction de la pauvreté en Afrique, en 2015. Pour le Nepad, l'année 2005 sera une année-phare puisque la Grande-Bretagne, qui va présider à la fois le G8 et l'Union européenne (UE), veut marquer de son empreinte sa contribution aux règlements des problèmes africains. Ce sommet, enfin, a enregistré la défection du président sénégalais, Abdulaye Wade, pourtant un des architectes du Nepad. R. B.