L'Algérie calcule son budget sur la base d'un baril à 37 dollars. Le surplus va à un Fonds de régulation des recettes qui finance le déficit et tous les programmes spéciaux du gouvernement. Reste que le Fonds de régulation des recettes (FRR), alimenté par le différentiel entre le prix du baril fixé par la loi (37 dollars) et le prix réel du baril sur le marché, a été fortement sollicité pour les dépenses publiques. La dernière note de conjoncture que la Banque d'Algérie (BA) vient de rendre publique met également en évidence la contraction des ressources du FRR à 4 773,51 milliards de dinars à la fin du premier semestre de 2014, alors qu'elles étaient de 5 238,80 milliards de dinars à fin 2013. Une contraction liée notamment "à la forte augmentation des décaissements au titre des dépenses d'équipements, en situation de poursuite de la progression des dépenses courantes", commente la BA. La situation ne va sûrement pas s'améliorer puisque, selon la loi de finances 2015, le FRR devra financer l'année prochaine une grande part du déficit du Trésor public. Les avoirs du FRR ont servi, entre 2000 et 2005, à payer par anticipation la dette publique de l'Etat. Mais depuis 2006, le fonds est destiné exclusivement à combler le déficit budgétaire induit par les programmes quinquennaux de développement. Si, entre 2000 et 2005, le FRR n'a pas été sollicité dans le financement du déficit du Trésor, les choses ont changé dès 2006, puisque le FRR a comblé le déficit pour 91,5 milliards de dinars. Depuis, la courbe a été ascendante pour atteindre 1 761, 5 en 2011 milliards et 2 283,3 milliards en 2013. La hausse des dépenses de l'Etat au titre de l'exercice 2015 ne présage pas d'un changement de tendance. Pis encore, le financement du déficit du Trésor risque de l'accentuer. Au vu de la baisse de ses recettes extérieures et de la hausse de ses dépenses internes, l'Algérie commence à inverser sa courbe d'accumulation de réserves de changes, accentuant par là même les risques d'un retour plus rapide à des situations d'endettement. La chute brutale des prix du pétrole, qui ne cessent de dégringoler, fait craindre le pire à l'économie nationale. Différents spécialistes et économistes ont exprimé leurs craintes si le cours de l'or noir poursuit sa tendance baissière. Ils estiment que l'économie algérienne est mise en danger par un baril à 80 dollars. S. S.