Une femme sur trois a été victime de violences conjugales dans le monde. Entre 100 et 140 millions de jeunes filles et femmes ont subi des mutilations génitales. Une femme sur 7 est victime de viol... Quinze années après la proclamation, par l'Assemblée générale des Nations unies, du 25 novembre comme Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, le bilan des violences faites à la population féminine mondiale est toujours alarmant. C'est une véritable "pandémie", selon l'ONU, et ce, malgré l'attention accrue à l'égard de ce phénomène et en dépit des efforts déployés par bon nombre de gouvernements. Mais, qu'en est-il de la situation en Algérie dans ce domaine ? Les statistiques, qui nous sont livrées, sont provisoires ou effleurent à peine la réalité. Si l'on en croit les experts, le nombre des femmes violentées en Algérie dépasserait le cap des 100 000, quels que soient leur âge, leur milieu, leur niveau d'instruction ou leur culture. Très récemment, la Direction de la Police judicaire (DPJ) a fait état de 6 985 cas de violences contre les femmes à travers le pays, durant les 9 premiers mois de l'année 2014. La même source a établi qu'Alger est la wilaya ayant enregistré le plus grand nombre de cas de violences contre les femmes (1 100 cas), suivie de celles d'Oran (plus de 500) et de Constantine (plus de 300). En outre, les services de sécurité ont révélé que, sur les 7 000 femmes violentées, plus de 73% ont subi des violences corporelles, contre 205 femmes victimes d'agressions sexuelles et 27 autres d'homicide volontaire. Il est également signalé que les femmes mariées sont les plus touchées par ces violences (3 847 cas recensés), suivies des femmes célibataires (1 875 cas), des divorcées (791) et des veuves (440). La DPJ a aussi noté que parmi les auteurs de ces violences, 3 533 sont les conjoints contre 2 272 célibataires. Ainsi, malgré le refus de plusieurs femmes violentées de déposer plainte contre leurs bourreaux, le domicile conjugal est le principal espace où sont commises ces violences contre les femmes. À ce sujet, Soumia Salhi, militante féministe et syndicaliste, reconnaît que dans la société algérienne, imprégnée de patriarcat, le débat sur les violences faites aux femmes, "très souvent (...), passe sous silence le fait qu'elles sont exercées par des hommes". En plus clair, ces violences sont liées à "une discrimination fondée sur l'appartenance sexuelle". Plus encore, la famille, explique Mme Salhi, est "l'endroit le plus dangereux du monde pour les femmes", rappelant que 70% des meurtres de femmes se sont produits suite à des violences domestiques. Mais, la militante des droits de l'Homme n'exclut pas pour autant le fait que la femme est également exposée aux "violences sexistes", dans le monde du travail, et qu'elle est "d'autant plus vulnérable qu'elle est en situation de subordination hiérarchique et de précarité". Si les violences à l'égard des femmes renvoient à des "rapports de pouvoir", elles connaissent néanmoins une certaine réduction, lorsque la volonté politique des gouvernants est clairement affichée et quand la loi intervient à temps pour protéger les victimes et pour punir les coupables. H. A.