L'entreprise lance un important processus de filialisation et réorganise ses ressources humaines pour répondre à ses objectifs de développement. L'année 2014 n'a pas été de tout repos pour la direction d'Air Algérie. La compagnie a vécu une série d'incidents qui lui a valu de passer sous la loupe d'un audit, ordonné par le ministère des Transports. Les recommandations sont tombées et le P-DG d'Air Algérie a annoncé, hier au forum du quotidien El Moudjahid, un important plan de restructuration de l'entreprise. M. Boultif entend engager un processus de filialisation de la compagnie. Quatre d'entre elles sont déjà identifiées : "Le catering, le fret, l'assistance au sol et la maintenance industrielle ont été filialisées et entreront en service début 2015." Le P-DG d'Air Algérie est affirmatif, ce plan de restructuration ne comprend pas de suppression d'emplois et annonce même "l'ouverture d'un concours de recrutement de 200 pilotes". Il s'agira plutôt d'une réorganisation des effectifs. "Certaines activités telles que l'opérationnel connaissent un problème de sous-effectif et d'autres non. Nous allons procéder à des corrections et à des redéploiements des ressources humaines vers les activités où il y a un manque ainsi que vers les activités filialisées", a-t-il expliqué. Une filialisation à plus grande échelle est à l'étude. M. Boultif évoque la possibilité de créer une filiale low cost (à prix réduit). En effet, l'éventuelle ouverture du ciel mettrait le pavillon national face à une rude concurrence des compagnies étrangères et/ou privées. C'est donc par anticipation que le P-DG d'Air Algérie compte agir. "Avec l'opensky (ouverture du ciel, ndlr), Air Algérie devra défendre ses parts de marché sur le trafic point-à-point (transport en lignes directes). Créer une filiale low cost permettra de sauvegarder nos parts de marché qui sont aujourd'hui autour des 50%", a-t-il indiqué. Ce réseau de lignes directes constitue plus de 95% du trafic global d'Air Algérie. Une configuration inquiétante, selon le P-DG dont l'un des objectifs majeurs est de développer le trafic de transit afin qu'il atteigne, au moins, 30% de l'ensemble de l'activité. "Il faut sortir du point-à-point pour sauver Air Algérie", s'est-il exclamé. Pour concrétiser cet objectif, M. Boultif compte sur le très proche début des livraisons des avions commandés, 16 au total. Il compte également sur le développement des liaisons avec l'Afrique. "Notre situation géographique est idéale ! Nous pouvons desservir aussi bien l'Europe que le continent africain. Air Algérie a longtemps tourné le dos au développement, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui. Désormais nous connaissons nos intérêts", dira-t-il. Pour appuyer son propos et souligner le potentiel économique de développement du secteur, M. Boultif cite l'exemple des émiratis dont les revenus de l'aérien représentent plus du tiers du budget de l'Etat ! De plus, le P-DG d'Air Algérie place beaucoup d'espoir dans l'obtention d'une exclusivité d'usage du nouveau terminal qui sera réalisé dans l'aéroport international d'Alger. "La priorité devrait être accordé au pavillon national", a-t-il estimé. Il plaide pour "la création d'un hub (une plateforme de correspondances, ndlr) aérien au niveau de ce nouveau terminal". En effet, M. Boultif craint que les écueils de l'ouverture de l'espace maritime ne se répètent pour l'aérien. "Il ne faut pas tomber dans le scénario qu'a vécu la Cnan, ouvrir à la concurrence sans préparation", a-t-il prévenu. Le processus de restructuration, désormais lancé, prévoit également "d'externaliser les activités de services hors métier de base sous la forme d'une seule filiale Services". Il cite, en exemple, le nettoyage, la surveillance et le gardiennage. Il préconise également la création d'un service dédié aux technologies de l'information et de la communication TIC, en prévision de la réception des nouveaux avions, dotés des dernières technologies en la matière. Tout un programme pour la compagnie nationale qui semble s'ouvrir vers de nouvelles perspectives. A. H.