La CNLTD exprime aussi son refus de voir l'ANP instrumentalisée à des fins politiciennes, notamment comme "couverture pour l'échec du pouvoir..." Les avertissements récemment émis à l'encontre de l'opposition par le vice-ministre de la Défense, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, ne sont pas restés sans susciter une vive réaction de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CNLTD). Plus qu'inopportune aux yeux de l'opposition, la sortie du patron de la grande muette est perçue comme une intrusion inappropriée dans la sphère politique, ce qui, constitutionnellement, n'est pas dans les attributions de l'ANP. La CNLTD est venue, donc, à la suite des partis membres qui avaient auparavant commenté les déclarations de Gaïd Salah, apporter la contradiction au chef d'état-major de l'ANP. Réunie, hier, au siège central du parti Ennahda à Alger, la CNLTD s'est élevée avec force contre, note un communiqué de la coordination, "les dernières déclarations attribuées au vice-ministre de la Défense, chef d'état-major rapportées par les médias concernant la situation politique qui prévaut dans le pays". La coordination a tenu plus particulièrement à rétorquer à Gaïd Salah au sujet de l'appréciation qu'il a faite des rencontres de l'opposition avec des partenaires étrangers ainsi que de l'agenda politique sur lequel s'est accordée l'Instance de concertation et de suivi (ICS) de l'opposition, lequel se décline en la mise en place d'une instance indépendante et permanente pour la gestion des élections, puis l'organisation d'une élection présidentielle anticipée, avant de penser à une révision de la Constitution. En réaction donc aux déclarations de Gaïd Salah, la CNLTD rappelle que "l'Armée nationale populaire est une institution républicaine dont la mission est clairement définie par la Constitution et dont le rôle essentiel consiste en l'unité, la défense et la protection des espaces terrestres et aériens sur l'ensemble de son territoire. Il est, au demeurant, du devoir de chacun, pouvoir et opposition, de préserver cette institution républicaine, lui prêter aide et assistance pour son renforcement, mais nul n'a le droit de l'impliquer dans les luttes politiques entre les différentes composantes du peuple algérien". La coordination, qui perçoit donc une volonté d'impliquer l'ANP dans la sphère politique, fait remarquer que "la situation internationale et régionale sur l'ensemble de nos frontières exige de l'institution militaire de se consacrer totalement à sa mission et rester en dehors des querelles politiques". La CNLTD exprime aussi son refus de voir l'ANP instrumentalisée à des fins politiciennes, notamment comme "couverture pour l'échec du pouvoir dans la conduite des affaires publiques, sociales, économiques et sécuritaires par l'utilisation abusive de la force et la confiscation des libertés individuelles et collectives pour retarder ou saborder le processus de transition démocratique paisible, que réclame l'opposition". La CNLTD estime, en outre, que les temps de l'opprobre et de l'anathème jetés sur l'opposition sont bannis. Pour elle, l'accusation de "collusion" avec l'étranger ne tient plus, le peuple ayant beaucoup acquis en maturité. Comme pour se faire insistante sur ce point, dont l'évocation semble mettre à mal le pouvoir, la coordination rappelle que le peuple algérien n'est pas dupe et qu'"il sait parfaitement que toutes les élections passées avaient été entachées de fraude massive et que les corps constitués ont été illégalement instruits pour soutenir l'option du pouvoir illégitime (...)". La revendication par l'opposition d'une élection présidentielle anticipée, contenue dans la dernière résolution de l'ICS, a sonné une levée de boucliers. Le pouvoir et les partis qui se réclament comme affidés ont sonné le tocsin, multipliant les attaques contre notamment la CNLTD qui, entre-temps, s'est entretenue à Alger avec des représentants de la Commission européenne. S A I