Le conseil consultatif du Mouvement des gardes communaux libres (MGCL) s'est réuni au grand complet, jeudi dernier, à la Maison de l'Aârch de Saharidj pour entériner son plan d'action et mettre en œuvre les résolutions du congrès national des gardes communaux qui s'est tenu à Ifri-Ouzellaguen le 1er novembre dernier. L'assistance nombreuse a longuement écouté Aliouat Lahlou, le coordinateur du mouvement, qui, dès le début de la séance, a insisté pour que l'ordre du jour soit respecté, à savoir l'élaboration de la charte et de la plateforme de revendications qui leur est propre. "Oui, nous allons tracer un programme d'action et des manifestations de rues sont encore à l'ordre du jour jusqu'à satisfaction de la charte et de la plateforme qui est également scellée et non négociable !'' Ainsi, le premier point qui a été inscrit est la reconnaissance officielle des sacrifices des gardes communaux qui ont lutté pour la sauvegarde de la République. La régularisation des dossiers des gardes communaux radiés abusivement a été traitée en second point avec toutes les difficultés inhérentes à cette situation. "En l'absence de statistiques réelles, nous ne pouvons fournir qu'une estimation qui est de l'ordre de 35 000 éléments qui ont été radiés entre 1994, date de la création de ce corps, et 2006. En plus, en l'absence de lois du code du travail pour ce corps conçu pour la lutte antiterroriste, la garde communale a été gérée arbitrairement et de manière aléatoire conjointement par la DAL des wilayas et des brigades de gendarmerie. Il s'agit là du plus grand fardeau dont cherche à se débarrasser le ministère de l'Intérieur et des Collectivité locales", déclarera Aliouat Lahlou. Tout en s'adressant à ses collègues, le coordinateur du Mouvement des gardes communaux libres s'attardera sur le dossier des victimes qui "ont été oubliées par l'Etat''. "Nous exigeons pour nos victimes un véritable statut de victimes de guerre et qu'elles ne soient plus considérées comme victimes d'accidents de travail. Des mesures d'accompagnement de leurs enfants, de leur veuve et ayants droit doivent être mises en place car ces familles sont actuellement dans un dénuement total. Nous avons comptabilisé 4 668 chahids et plus de 9 000 blessés, amputés ou atteints de maladies chroniques suite aux années passées dans les maquis et dans des conditions précaires.'' Lahlou Aliouat fera ensuite le décompte des wilayas où quelques détachements de la garde communale sont encore actifs : "Au début, nous étions 94 000 éléments dans ce corps qui a été dissout en 2011, mais aujourd'hui, il existe encore des détachements à Tizi Ouzou, Béjaïa, Boumerdès, Khenchela, Chlef, Blida et neuf détachements à Bouira. Près de 10 000 gardes communaux ont été transférés au service du MDN et ils sont sans statut et dans une misère noire. Idem pour 25 000 autres affectés aux tâches de gardiennage et de sécurité dans les administrations, notamment auprès des sièges des APC ou daïras, et aucune autorité n'est en mesure de leur délivrer des fiches de paie ! C'est une aberration !'' Le coordinateur du MGCL reviendra en détail sur les enfants handicapés des gardes communaux en expliquant que ces handicaps sont survenus suite au travail de leur père : "Nous avons recensé des enfants trisomiques, diabétiques, sourds muets, et cela est dû aux séquelles des années de braise. Des gardes communaux souffrent de maladies professionnelles qui sont survenues durant l'exercice de leur fonction, mais la nomenclature des maladies professionnelles n'a toujours pas été mise à jour pour reconnaître nos souffrances.'' Par ailleurs, les gardes communaux ont déploré le retour de l'insécurité, notamment dans la région d'Ath Yekhlef, commune de M'chedallah, où des citoyens ont exigé la reconstitution du corps de la garde communale suite aux incursions terroristes des derniers jours. Lahlou Aliouat condamnera énergiquement ces actes en dénonçant : "On se retrouve dans une situation identique à celle des années 1990, depuis l'enlèvement du touriste français. Plus d'une dizaine d'actes terroristes ont été enregistrés. Il s'agit là de l'échec de la réconciliation nationale et du prix à payer pour avoir dissous le corps de la garde communale. L'Algérie s'est affaiblie dans la cadre de la lutte antiterroriste, c'est un constat, et c'est d'ailleurs le sujet qui est traité en ce moment même entre les membres de l'Observatoire national de la défense pour la mémoire et les droits des gardes communaux et des membres de la Ligue des droits de l'Homme qui se sont réunis ce matin (jeudi, ndlr) à Alger.'' H. B.