Quatrième chapitre : Karim Résumé : Lynda défend ses parents et son mari. Ce ne sont pas des criminels. Jamais ils n'attenteraient à la vie d'autrui. Ihssane part sans se retourner. Elle ne rentre pas à la maison. Elle a besoin d'être seule. Alors elle marche dans la ville et s'arrête dans un jardin où des mères surveillent leurs enfants en bas âge et où les amoureux peuvent trouver un coin discret. Son portable n'a pas cessé de sonner. Ryan s'inquiète. Il veut la voir... Ihssane n'est pas surprise de le trouver en train de l'attendre à quelques mètres de la maison de ses grands-parents. Elle sait qu'ils n'auraient pas pu discuter tranquillement en leur présence. Il s'inquiétait de son silence, mais en la voyant épuisée et triste, il devine qu'elle n'est pas bien. Il a envie de la prendre dans ses bras et de la réconforter. - Qui a osé s'en prendre à toi ? Dis-moi que j'aille lui refaire le portrait ! Il va passer un sale quart d'heure ! Ihssane a un sourire, mais son regard est si triste. - La malchance, répond-elle. Elle me poursuit... Je voudrais qu'elle ne soit plus sur mon chemin ! Tu peux faire quelque chose ? - Oui ! Tant qu'on sera ensemble, la malchance et les gens malintentionnés ne pourront plus t'approcher !, affirme-t-il. Il suffit qu'on soit deux à tout jamais ! - Je voudrais bien te croire ! Mais ces derniers mois, je suis allée de désillusion en désillusion, lui confie-t-elle. J'ai tout connu ! J'avais une vie tranquille, puis j'avais éprouvé le besoin de chercher après mes parents biologiques ! Je suis passée par des périodes qui rendraient hypertendus plus d'un ! J'ai connu l'espoir, la joie, la peine et là, ce deuil... - De quoi tu parles ? Quelqu'un est mort ? - Oui, mon père, lui confie-t-elle. Celui que je n'ai pas eu le temps de connaître ! Ryan n'en revient pas. - Mais comment t'a fait ? C'est impossible ! Il n'est même pas possible de retrouver la mère, alors le père ! - Mais puisque je te le dis ! - Tu les as retrouvés ? Qui sont-ils ? D'où sont-ils ? Quand les as-tu vus ? Pourquoi t'ont-ils abandonnée ? Les questions de Ryan la ramènent à la réalité. Elle ne peut rien lui dire sans compromettre sa mère qui était sa tante. Elle baisse les yeux et, confuse, elle secoue la tête. Dans le fond d'elle-même, elle éprouve le besoin de se confier. Mais Ryan n'est pas la bonne personne. - Quand je t'ai dit qu'il était mort, c'est parce que mes recherches ont échoué ! Je dois les considérer comme morts pour tourner la page ! Je ne suis pas la seule pupille de l'Etat à vouloir retrouver ses parents ! Je n'en connais pas une qui a réussi à remonter jusqu'à sa mère ! Y a rien dans mon dossier ! C'est comme si j'étais tombée du ciel ! Ryan a envie de la prendre, mais il y a des passants. - T'es le plus beau cadeau sur terre ! Merci à tes parents, qu'ils soient en vie ou morts ! Louanges à Dieu, tu as été confiée à une famille formidable ! J'adore ton grand-père ! Ihssane, qui s'était mise à pleurer, sourit. - C'est vrai ! Il est formidable ! J'ignore ce qu'on deviendra sans lui ! C'est mon ange gardien ! - Qu'Allah lui prête longue vie ! Il verra de ses propres yeux que je te mérite ! Car je me couperais en trente-six pour te rendre heureuse ! - Tu n'en auras pas besoin ! Notre histoire s'arrête là ! On n'est pas fait l'un pour l'autre ! - Ma parole, je croirais entendre ma grand-mère !, réplique Ryan, agacé. C'est ce qu'elle m'a dit lorsque je lui ai parlé de toi ! Ihssane comprend qu'elle ne veuille pas d'elle dans sa famille, vu qu'elle a tout mis en œuvre pour la séparer de sa mère. Elle n'a jamais ressenti de la sympathie pour elle. Elle se demande si elle ne serait pas le commanditaire de l'accident... - Alors pourquoi es-tu venu, si ta famille n'est pas d'accord ?, l'interroge-t-elle. - Ce n'est pas ma famille avec qui tu vas te marier, répond-il. Mais moi... Je lui ai parlé de toi, je n'ai pas demandé sa permission ! Elle n'a pas le droit de regard sur mon avenir ! Je suis assez grand pour savoir ce qui me convient ! Et pour moi, tu es la partie manquante ! Il suffit que tu dises oui ! Et elle lui dit oui ! N'en déplaise à sa grand-mère. A leur grand-mère... (À suivre) A. K.