Sur bien des dossiers lourds, l'Alliance a brillé par ses divergences. Les thèmes sur lesquels divergent le RND, le FLN et le MSP sont loin d'être de simples différences d'appréciation. En l'occurrence la levée de l'état d'urgence, la réforme de l'école, du code de la famille et plus récemment encore l'importation de vin dans le cadre de la loi de finances montrent assez bien qu'il y a le feu au sein de l'Alliance contrairement aux déclarations rassurantes et lénifiantes de Ahmed Ouyahia. Ce bloc politique, qui a servi d'escabeau à Bouteflika, n'a pas résisté à l'épreuve du terrain. La preuve ? La rencontre au sommet prévue au mois d'août dernier, et qui devait cerner la conduite politique à tenir pour les trois partenaires, n'a pas eu lieu. Pis encore, aucune raison n'a été avancée à ce jour pour justifier ce ratage. Mais il est clair que les alliés de circonstance ont compris qu'ils ne partageaient pas grand-chose hormis l'allégeance au président de la République. Et pour cause, le MSP de Abou djerra Soltani a cru judicieux d'exhumer sa fameuse revendication portant sur la levée de l'état d'urgence. Or, s'il y a un parti qui a toujours rejeté vigoureusement cette solution, c'est bien le RND. Le FLN, lui, n'aime pas gêner le pouvoir dans ses options stratégiques à plus forte raison quand il s'agit des questions liées à la situation sécuritaire. S'agissant de la réforme de l'école, les conservateurs du FLN et les islamistes du MSP ont fait cause commune pendant longtemps afin de faire barrage à l'introduction de la langue française en 2e année primaire et à la désidéologisation de l'école. Peine perdue puisque le projet est quand même passé à l'APN sur instruction de Bouteflika au grand bonheur de Ahmed Ouyahia, qui commentait cette autre divergence ainsi : “Pour l'école, le problème est réglé puisque le français est déjà enseigné en 2e année…” Autre point de discorde, la réforme du code de la famille. l'Alliance ne pouvait logiquement se soustraire à la division sur cette question tant elle relève des dogmes “programmatiques” d'au moins un parti qu'est le MSP. Abou djerra Soltani, au lieu de débattre le sujet avec ses partenaires, est allé bizarrement sceller une sainte alliance avec son frère ennemi Abdellah Djaballah, adversaire irréductible de Bouteflika ! Là aussi le FLN non encore redressé totalement est partagé entre les islamo-conservateurs qui dénonçaient le projet et les progressistes — fidèles à Bouteflika — plutôt favorables à l'option gouvernementale. Cette question a eu le mérite de projeter sur la place publique l'image d'une alliance présidentielle, dont les limites ne dépassent sans doute pas le cadre du soutien à la personne de Bouteflika. Mais si, jusque-là, les frictions s'exprimaient dans la presse via des prises de position contradictoires, le débat sur la loi de finances, notamment son chapitre relatif à l'importation du vin, à l'APN a sonné l'éclatement de cette alliance. Fait unique dans les annales politiques, des dispositions du programme du président n'ont pas été adoptées par ceux qui ont soutenu le même programme et le même président ! À l'exception du RND qui a fait preuve d'une discipline à toute épreuve, le FLN et le MSP ont ramé à contre-courant de leur horizon politique. Le ministre du Commerce, Nouredine Boukrouh, a eu raison de s'étonner d'une telle situation en lâchant : “C'est le seul pays où le gouvernement n'est pas majoritaire au Parlement.” Son collègue des Finances M. Benachenhou a été plus cru : “La coalition a du mal à comprendre la portée et l'impact du programme du gouvernement.” H. M.