Le MSP, qui ne rate aucune occasion pour réaffirmer son soutien au programme du président Bouteflika, fait savoir que ce dossier a été très mal géré. S'il y a bien une concession que le Mouvement de la société pour la paix n'a nullement l'intention d'accorder à ses alliés stratégiques, c'est bien celle d'encaisser les amendements apportés au code de la famille. C'est du moins ce qui ressort de l' intervention de M.Bouguerra Soltani. «Nous ne sommes pas contre le principe de l'amélioration de ce texte, mais force est de constater que certains amendements portent atteinte aux préceptes de l'Islam» tient-il à préciser. Dans sa lancée, il insiste principalement sur l'article 9 qui supprime la tutelle matrimoniale pour la femme majeure, et l'article 11 qui subordonne la polygamie à l'autorisation préalable du juge, lequel doit, notons-le, en vertu de la nouvelle disposition, s'assurer que toutes les conditions légales, matérielles et morales sont réunies avant de signer son accord. La bataille est donc loin d'être perdue pour les islamistes. Notre invité affirme en des termes à peine voilés l'existence de contacts pour convaincre la Commission des 52 de «corriger les erreurs» glissées dans le projet de loi en question. Le MSP qui ne rate pourtant aucune occasion pour réaffirmer son soutien au programme du président Bouteflika, fait savoir néanmoins, que ce dossier a été très mal géré. Sa détermination est motivée par le souci de «protéger la famille algérienne». «Notre démarche est dépourvue de toute arrière-pensée politique», insiste-t-il. «Ce n'est pas une guerre contre le courant laïc que nous menons». Preuve en est, continue-t-il, la position adoptée par des instances religieuses indépendantes, telles que le Haut conseil islamique et les Abadhites à Ghardaïa, sans oublier les imams à travers tout le territoire du pays. Bouguerra Soltani, qui a déclaré dans une récente sortie «que le code de la famille prime sur l'alliance stratégique» sera-t-il prêt à rompre le pacte signé le 16 mai 2004 avec le RND et le FLN, si les propositions du Mouvement ne sont pas prises en considération? Après avoir réitéré le droit et le devoir du MSP de «défendre ses convictions», il a invité ses partenaires à avoir «la sagesse de respecter les opinions des autres dans l'intérêt de l'alliance». En somme, le MSP nous invite à «ne pas anticiper sur les événements», tout en précisant que seul madjliss echoura est habilité à prendre une telle décision «qui n'est pas écartée». Un discours qui rompt avec l'optimisme exprimé par le chef du MSP quelques mois auparavant. Notons que Bouguerra Soltani avait affirmé dans un entretien accordé à L'Expression en juin dernier que «la vision est très cohérente au sein de l'alliance-même sur les dossiers qui constituaient, dans un passé récent, une source de divergences comme la réforme de l'école, le code de la famille» et d'ajouter: «Après avoir lu le contenu de ces réformes, nous avons constaté qu'elles respectent les principes défendus par le MSP.» Qu'est-ce qui a pu changer depuis l'été dernier ? Le FLN et le RND ont -ils fait marche arrière? Le MSP qui se targue d'être un partenaire incontournable pour le pouvoir, sera-t-il en mesure de convaincre ses partenaires? Bouguerra Soltani est confiant et se dit prêt à respecter le choix du peuple si le projet en question est proposé au référendum.