Il est difficile d'établir le nombre exact des mendiants locaux, car des réfugiés syriens et parfois irakiens grossissent à présent le lot des "pauvres" qui sillonnent les rues de la ville. Pas moins de 2500 personnes adultes et 600 enfants s'adonnant à la mendicité dans les rues d'Oran ont été enregistrées durant le deuxième semestre de l'année en cours, apprend-on de source proche de la wilaya d'Oran. L'augmentation du nombre d'enfants mendiants en âge de scolarité va crescendo, selon la même source, qui met en cause la responsabilité directe des parents dans ce nouveau commerce. Il existerait, selon notre source, des réseaux parfaitement rodés à ce genre de trafic, qui risque de se répandre si rien n'est fait pour l'endiguer. Les professionnels de la mendicité sont organisés en clans et se partagent les emplacements des quartiers les plus fréquentés. Les artères du centre-ville d'Oran sont le centre névralgique des bandes d'exploiteurs qui ne reculent devant rien pour se faire de l'argent en exploitant leurs semblables. Pis encore, des parents indignes proposent "la location" de leurs enfants en bas âge au plus offrant. "Plus l'âge de l'enfant est bas, plus il rapporte de l'argent", indique-t-on. On a vu des nourrissons et des petits enfants sommeillant à longueur de journée dans le giron de leurs mères biologiques ou supposées telles. "Leurs accompagnateurs, à défaut d'être identifiés, administrent à ces pauvres enfants du sirop soporifique pour les endormir et avoir la paix", affirme un membre d'une association caritative. "Il est difficile d'établir le nombre exact des mendiants locaux, car des réfugiés syriens et parfois irakiens grossissent à présent le lot des mendiants qui sillonnent les rues de la ville", ajoute-t-on. Au-delà de ce postulat, les divorces, la dislocation familiale, la déperdition scolaire, l'exode rural, le chômage, les handicaps physique et mental fertilisent pour ainsi dire le terreau de la mendicité. Ces dernières années, de véritables réseaux de mendicité ont fait leur apparition où sont "employés" des mendiants professionnels qui usent de tous les moyens pour émouvoir leurs compatriotes : exhibition de bébés ou d'enfants en bas âge malades et déguenillés, de personnes âgées, de non-voyants, de handicapés, de malades mentaux et, phénomène récent, sont venus s'ajouter les Subsahariens, contraints de survivre à Oran après l'échec de leurs tentatives d'émigration vers l'Europe. Combien de mendiants compte la wilaya d'Oran ? Quel est leur profil ? Où en sont les autorités locales et centrales dans l'ébauche d'une stratégie nationale de lutte contre la mendicité ? "L'absence d'une enquête officielle sur le nombre des mendiants à Oran en particulier et en Algérie en général ne permet pas d'esquisser le type, le profil et la catégorie sociale du mendiant", assure-t-on. Justement, pour pallier cette carence de la loi, il est urgent de lancer l'élaboration d'un "avant-projet qui soit essentiellement consacré à la lutte contre la mendicité, à l'effet d'éradiquer la mendicité professionnelle et d'y soustraire les personnes exploitées dans ce cadre", selon notre interlocuteur. L'essentiel, pour le sociologue, étant de parvenir à résoudre cette antinomie : créer un cadre juridique interdisant la mendicité professionnelle, tout en évitant de porter atteinte à la sadaqa (aumône). "Attention, prévient notre interlocuteur, la sadaqa fait partie de notre culture morale et religieuse : les Algériens la pratiquent notamment dans les cimetières et les rues, devant les mosquées, les marabouts, les hôpitaux, les marchés et autres lieux à connotation sacrée, humaine et/ou commerciale." K. R-I.