Hachimi Kachi est le lauréat du prix Mohia 2014 décerné récemment à Tizi Ouzou. C'est en 1987, lorsqu'il a assisté à une représentation théâtrale de la troupe Maghres, qu'avait eu lieu sa première rencontre avec le théâtre. C'était à la maison de jeunes d'Iferhounène, sa région natale. Il est actuellement établi en France. Ses débuts dans le théâtre, il les partagera avec ses amis du village avec lesquels il créa la troupe Iguelilen, qui avait remporté plusieurs prix dont le premier prix national à Mostaganem en 1995. "En collaboration avec Salah Houche, nous avions monté une pièce intitulée Souk El-Fellah qui représentait la réalité socio-économique de l'époque. En 1993, Hamid Ben Tayeb, un comédien professionnel, ancien élève de l'Ecole des beaux-arts, s'installe à Iferhounene. Avec lui, nous avons mis en scène Muhand U Caavan, une adaptation de Mohia. Hamid avait pris contact avec Mohia et obtenu l'autorisation", évoquera avec nostalgie Hachimi Kaci. En 1996, Hachimi interprétera Le journal d'un fou de Gogol, adapté en Cfawat g'yiwen u darwic et mis en scène par Hamid Ben Tayeb. Le monologue a été joué au TRB avec l'association Soummam. Fin 1998, la troupe Iguellilen a été invitée en France par l'ACB de Paris. "A partir de cette date, en décembre 98 notamment, j'ai joué Journal d'un fou à Cergy-Pontoise. En 1999, nous avions entamé une tournée en France, grâce notamment au concours de certaines personnes aussi généreuses qu'engagées dans le combat identitaire", se souvient-il. Il réalisera, en 1999, avec d'autres amis, les premières traductions et doublages de dessins animés en tamazight, notamment Le Chien des Flandres, le Père Castor, Tristan er Iseult avec le réalisateur Arezki Harrani. Quant à la pièce Yaxi l'aeibad yaxi, qui a obtenu le prix Mohia, elle est une adaptation de l'œuvre d'Anton Tchekhov La Demande en mariage. Elle évoque l'histoire d'amour et de mariage (mais aussi de biens et d'histoires familiales) d'un jeune paysan appelé Akli. Dans le texte, Hachmi Kachi essaie de démontrer des réalités de la vie quotidienne de ses personnages. "Il s'agit d'un travail que je souhaite mettre en scène en collaboration avec la Maison de la culture de Tizi Ouzou à laquelle je demande de me donner l'occasion de concrétiser ce travail", avoue l'auteur, tout en rendant un hommage à Mohia qu'il considère comme "le Molière de notre culture ancestrale". "Il n'y a qu'à voir les pièces de théâtre qu'il a adaptées, aussi bien en qualité qu'en quantité. C'est lui qui a rendu possible l'existence d'un théâtre kabyle. C'est ainsi que Mohia a ouvert une fenêtre immense pour voir d'autres cultures dans le monde avec la langue et la culture kabyles", ajoute-t-il. Hachmi Kachi affiche sa volonté d'aller encore loin dans son domaine artistique en concluant : "J'ai d'autres pièces adaptées de Tchekhov, Ionesco, Sasha Guitry que je vaudrais également mettre en scène, mais chaque chose en son temps. Sinon en dehors de l'adaptation, et en tant que comédien, je voudrais mettre en scène un one man show que j'ai écrit et qui porte sur l'immigration." K. T.