C'est dans l'intérieur douillet du Milk-Bar que se narre l'épisode du printemps de l'Algérie à travers La Bataille d'Alger et l'épopée héroïque de la Zone autonome d'Alger. Situé sur à la rue Larbi-Ben M'hidi (ex-d'Isly) et contigu à la place Emir-Abdelkader, le Milk-Bar est, et demeure, l'idéal lieu de rencontres, où l'on sert jusqu'à présent l'air de convivialité sur sa terrasse ornée d'ombrelles durant la belle saison. Classé l'endroit "select" d'Alger par excellence, le Milk-Bar s'ouvre chaque matin que Dieu fait à une clientèle tout autant "chic". Aux dires des habitués qui pouvaient opter autrefois pour un éventail de choix en matière de lieux de repos et de détente, "c'était ici, au Milk-Bar, qu'on venait pour humer l'air d'Alger d'antan, où il faisait bon s'attabler également à l'avoisinante terrasse de l'ancienne brasserie le Novelty sise à l'angle d'en face". A ce titre, il est difficile d'évoquer le Milk-Bar sans s'en remettre aussi à l'Etoile, l'autre café également adjacent au siège de la municipalité d'Alger-Centre. C'est dire que l'histoire du Milk-Bar recèle en sa terrasse les annales d'Alger historique. Pour l'histoire, c'est dans l'intérieur douillet du Milk-Bar que se narre l'épisode du printemps de l'Algérie à travers La Bataille d'Alger et l'épopée héroïque de la Zone historique autonome d'Alger, (ZAA). Il était 18h35 lorsqu'un petit bout de femme nommée courage avait déposé une bombe au Milk-Bar, dimanche 30 mars 1956, où il y avait foule autour du juke-box. S'ensuivit alors l'assourdissante déflagration qui ébranla ce qu'il était convenu d'appeler en ce temps-la "la cité européenne". Bilan de l'action selon la presse de l'époque : 3 morts et 12 blessés : "Oui. Tel était l'objectif de l'action décidée par la direction du FLN, celle de porter dorénavant la guerre au sein des populations civiles européennes qui, il ne faut pas l'oublier, étaient partie prenante dans cette guerre, en exigeant de protéger leur statut par n'importe quel moyen. Je l'ai fait d'autant plus librement que je partageais totalement la lecture politique de ma direction", disait alors cette jeune fidaïa qui n'était autre que Zohra Drif-Bitat. Au demeurant et à l'époque bénie des seventies, le Milk-Bar était aussi ce relais d'entracte, où les cinéphiles allaient pour une pause-café après une séance-débat houleuse à la limitrophe cinémathèque d'Alger ou à la salle El-Mouggar (ex-Colisée) de l'avenue Asselah-Hocine. Pour le souvenir lu dans la chronique publiée dans le Soir d'Algérie et intitulé "Ici mieux que là-bas" d'Arezki Metref, l'un d'eux était le défunt Triki-Yamani Abderrahmane dit "Dahmane le magnifique" et ses camarades de l'Institut d'études politiques (IEP) qui ne vivaient que pour le 7e art. De la sorte, le Milk-Bar était en réalité l'auberge de l'intelligentsia locale et de la jeunesse dorée qui gravitait autour d'enseignes de salles de cinéma d'Alger devenues borgnes aujourd'hui. Aujourd'hui, le snack et sa terrasse de dégustation de glaces où avait vécu et travaillé le zornadji Boualem Titiche est orphelin de son voisin le Milk-Bar qui a été fermé pour des travaux, a-t-on appris. "La fermeture n'est que temporaire, soit le temps d'achever les travaux d'embellissement du Milk-Bar qui a été récupéré par les services de la wilaya d'Alger, dans le cadre d'une opération de recouvrement du patrimoine immobilier du beylik", a-t-on appris de la personne qui pilotait le chantier. L. N.