La colère de Vladimir Poutine contre l'Occident trouve son explication dans l'importance de l'Ukraine pour l'économie et l'avenir de la Russie dans un monde unipolaire. Des sources occidentales n'ont laissé aucun doute quant à l'origine du mouvement de contestation mené par le candidat de l'opposition ukrainienne. Viktor Iouchtchenko n'a entrepris son action de protestation que sur les conseils et l'assistance infaillible des experts du renseignement occidental, notamment américain. La guerre géopolitique entre les Etats-Unis et la Russie se poursuit sans répit. Ainsi, après les scénarii qui ont abouti à de nouveaux pouvoirs en Serbie en 2000 et en Georgie l'année dernière, c'est au tour de l'Ukraine de constituer l'objectif des Américains, en raison de son importance stratégique pour Moscou. Les Russes sont formels à ce sujet. Selon Sergueï Iastrjembski, un des proches conseillers du chef de l'Etat russe, il n'existe pas de preuves justifiant l'implication directe des Etats-Unis, mais il s'agit d'un coup préparé par l'Occident. De son côté, le politologue Andreï Ermolaev va plus loin en affirmant : “Il y a eu de l'argent occidental, mais qui a été très bien utilisé par l'opposition bien organisée, dont les gestionnaires, professionnels et modernes.” La contestation des résultats du premier tour a constitué le point de départ de l'organisation de la protesta actuelle, estiment les observateurs. Tout indique que des moyens conséquents ont été dégagés pour permettre à l'opposition emmenée par Viktor Iouchtchenko de résister le temps nécessaire, trois semaines, pour faire tomber le pouvoir. Cela a été planifié sur la base de ce qui s'est passé en Georgie, où le soulèvement populaire à duré trois semaines, obligeant Edouard Chevardnadze à démissionner. L'organisation semble bien huilée, comme le montrent les rassemblements dans les places publiques où se relayent les manifestants de l'opposition. Il y a lieu de s'interroger sur l'origine des fonds, qui ont permis aux collaborateurs de Viktor Iouchtchenko de prendre en charge convenablement les milliers de personnes qui occupent les grandes villes ukrainiennes. Une assistance médicale est fournie aux manifestants, ainsi que des vêtements pour résister au froid sibérien d'Ukraine. Des endroits sont aménagés pour leur permettre de se reposer. Toute cette organisation parfaite ne laisse aucun doute quant à un soutien étranger préparé à l'avance. Ceci ne fait que donner du crédit aux accusations et à la colère de Vladimir Poutine, qui voit, lui, filer entre les doigts un allié stratégique comme l'Ukraine, où les intérêts de la Russie sont incommensurables. Outre les centrales nucléaires contrôlées jusque-là par Moscou, et les accords commerciaux très importants pour l'économie russe, Poutine perd avec l'Ukraine un appui de taille après la Géorgie. C'est dire la raison de sa colère face au soutien apporté par tout l'Occident à l'opposition ukrainienne, qu'il n'a aucune chance de contrôler à l'avenir. Kiev constitue une nouvelle bataille dans la guerre froide que se livrent toujours Américains et Russes. Pour l'instant, l'Occident déplume peu à peu la Russie. K. A.