Le chef de l'Etat a fustigé ceux qui “rattachent abusivement des traditions négatives à la religion (…) ou à des jurisprudences dépassées”. La 27e conférence de l'Union des parlements africains a été déclarée, officiellement, ouverte hier en présence du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'équipe gouvernementale et évidemment des représentants de trente-trois parlements africains, membres de l'UPA, ainsi que de dix-huit organisations internationales et régionales. Après les allocutions de MM. Abdelkader Bensalah et Amar Saïdani, respectivement président du Conseil de la nation et de l'Assemblée populaire nationale et de Boubakr Ibrahim Keita, président sortant du comité exécutif de l'UPA, le chef de l'Etat algérien a été invité à la tribune de la grande salle des conférences du Palais des nations. Une fois les formules usuelles de bienvenue aux invités de l'Algérie exprimées, le président Bouteflika s'est attardé sur chacun des trois thèmes retenus à l'ordre du jour de la conférence de l'UPA, à savoir la bonne gouvernance, la présence des femmes dans les sphères de décision et enfin les relations commerciales de l'Afrique avec les pays riches et les organisations internationales telles que l'OMC. Pour le président Bouteflika, il ne saurait y avoir de bonne gouvernance sans une transparence dans la gestion des affaires de l'Etat, mais aussi sans la liberté d'expression. Il a néanmoins modéré ses propos sur le second point en insistant sur l'objectivité des médias, qui doivent travailler, selon lui, “dans le strict respect d'une déontologie exigeante, qui protège l'intimité et la dignité des personnes”. C'est sûrement sur la question de l'accession des femmes africaines aux postes stratégiques de responsabilité, un sujet qui “lui tient particulièrement à cœur”, que le premier magistrat du pays a fait preuve d'une grande éloquence. “Je sais bien que des femmes sont propulsées ici et là à des postes d'autorité bien visibles, pour servir peut-être d'alibi et pour gagner une respectabilité internationale…” La réalité des femmes africaines, de son point de vue, est beaucoup plus préoccupante que ce qui apparaît dans les discours politiques. “ …La force des préjugés, des habitudes et certaines traditions négatives qu'on rattache abusivement tantôt à la religion, tantôt à certaines coutumes ancestrales ou à des jurisprudences dépassées et obsolètes, battent en brèche la constitution et les lois de nos pays”. Le président de la République évoque ainsi, clairement, l'expérience algérienne ou plus exactement l'acharnement des islamo-conservateurs à entraver la révision du code de la famille en brandissant des dogmes figés de l'Islam et des pesanteurs sociales. “Il faudrait peut-être imaginer d'autres mécanismes de lutte systématique contre les attitudes discriminatoires à l'égard des femmes, puisque les lois semblent impuissantes à leur faire”, suggère le chef de l'Etat. Il a recommandé aussi aux Parlements africains de faire jouer le lobbying pour permettre au continent noir de “devenir une zone attractive de l'économie mondiale”. Abdelaziz Bouteflika a exprimé, en conclusion, ses préoccupations quant à la situation explosive prévalant dans la région du Darfour, en Côte-d'Ivoire, en Irak et en Palestine. Il a réitéré, à l'occasion, l'attachement de l'Algérie au règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario. “L'Algérie, comme je l'ai affirmé à plusieurs reprises, n'a aucun intérêt dans cette affaire, sinon celui de permettre au peuple sahraoui d'exercer librement son droit à l'autodétermination”. Les travaux de la conférence de l'Union des parlements africains se poursuivent, aujourd'hui, en plénière. Des recommandations seront adoptées en fin de journée. S. H.