L'Abef, de son côté, estime que "l'Etat ne peut plus faire supporter à son budget les grands investissements". "Sur la base d'hypothèses optimistes, nous estimons qu'au plus tard en 2020, c'est-à-dire dans un peu plus de 5 ans, les finances publiques pourraient ne plus pouvoir soutenir le rythme actuel des investissements publics (aujourd'hui principal moteur de croissance), ni celui des transferts sociaux, face à une demande de plus en plus pressante de la société. Si nous n'entamons pas ce virage aujourd'hui, la fenêtre d'opportunité qui s'offre à nous pourra se refermer, et nous serons forcés un jour, sous la contrainte, de revoir à la baisse nos ambitions de construction du pays, de développement social et d'investissements en infrastructures. Entamer ce long virage de plusieurs années exige de revoir en profondeur l'action de l'Etat et les attentes de la société pour inventer un nouveau modèle de croissance qui ne dépende plus des hydrocarbures." Cet avertissement du collectif Nabni, invité le 10 octobre 2013 par le gouvernement à assister à la tripartite ouverte pour la première fois à la société civile et aux experts, n'a pas été entendu. Comme le capitaine du "Titanic", le gouvernement a ignoré toutes les alertes des experts, du FMI, du Forum des chefs d'entreprise mais également du gouverneur de la Banque d'Algérie, soulignant la vulnérabilité croissante de l'économie algérienne dans un contexte de baisse des prix du pétrole. Mercredi dernier, le Forum des chefs d'entreprise, réagissant aux mesures décidées par le Conseil restreint présidé par le président de la République consacré à l'évolution du marché financier et à ses retombées sur la démarche économique et sociale du pays, dira que le budget de l'Etat doit être "destiné exclusivement au financement des grandes infrastructures publiques qui sont au service de l'ensemble de la population : écoles, hôpitaux". "L'Etat ne peut pas tout faire seul, il faut laisser place au marché financier", souligne le vice-président du FCE, Brahim Benabdeslem, cité par l'APS. Mais pour assurer la dynamique du marché financier, M. Benabdeslem appelle le gouvernement à l'octroi de plus de facilités afin d'encourager les entreprises à entrer en Bourse. "Le développement du marché financier requiert, au préalable, un certain nombre de mesures qui ne sont pas toutes réunies aujourd'hui", a-t-il estimé. Le FCE avait eu à attirer l'attention des pouvoirs publics sur l'urgence de jeter les bases d'une économie moins dépendante des hydrocarbures, lors d'un symposium organisé les 14 et 15 mars 2012, au cours duquel l'organisation patronale avait proposé 50 propositions pour un nouveau pacte de croissance économique. "L'objet des propositions est lié fondamentalement à la nécessité qui apparaît de plus en plus urgente, au regard des entrepreneurs, des experts et des acteurs économiques nationaux au sens large, de s'engager dans la mise en place d'une nouvelle économie moins dépendante de la rente — hydrocarbures — et porteuse d'un nouveau pacte de croissance, seul moyen à même de permettre à notre pays de faire face aux enjeux du monde moderne." Le délégué général de l'Abef n'en pense pas moins. "L'Etat ne peut plus faire supporter à son budget les grands investissements", soutient M. Trabelsi, cité également par l'APS, qui avance, toutefois, que le développement d'un marché financier n'est pas un projet qui peut être réalisé dans une courte période, mais que cela se prépare, plutôt, à moyen et long terme. La Bourse d'Alger tarde à prendre son essor. Le bilan est squelettique : quatre titres cotés, un nombre d'obligations en chute libre avec un niveau de transactions annuel jugé très maigre. Concernant le secteur bancaire, le rapport annuel de la Banque d'Algérie relève que le niveau de l'intermédiation bancaire s'améliore progressivement sous l'angle du développement du réseau, du nombre des comptes et du niveau des dépôts collectés, quoique en deçà de ceux atteints par certains pays méditerranéens voisins de l'Algérie. Cette relative faible performance concerne notamment les volets des services bancaires de base à la clientèle de ménages et de distribution de crédits aux petites et moyennes entreprises. Mais plus fondamentalement, comme l'a suggéré le collectif Nabni, "couper le cordon de la rente, diversifier les recettes fiscales, adopter une vision économique cohérente, élever l'emploi au rang de priorité nationale et réformer en profondeur la gouvernance économique sont les 4 leviers de la vision économique de l'Algérie 2020". M. R.