L'économie algérienne demeure très fortement dépendante des hydrocarbures qui représentent la quasi-totalité des exportations du pays (98% en moyenne entre 2006 et 2013) et 40% du produit intérieur brut (PIB). Les exportations d'hydrocarbures, faut-il le souligner, connaissent, depuis plusieurs années, une diminution significative des recettes du fait des fluctuations à la baisse des prix sur le marché international. Au premier trimestre 2013, à titre illustratif, le prix moyen mensuel du pétrole a fluctué entre 101,45 et 115,72 dollars/baril, soit une moyenne semestrielle de 108,65 dollars/baril contre 113,37 dollars/baril au cours de la même période de l'année précédente, selon la Banque d'Algérie. Après une hausse au premier trimestre 2013 (112,51 dollars/baril) par rapport au dernier trimestre 2012 (110,24 dollars/baril), le prix moyen trimestriel a fléchi au second trimestre 2013 à 104,60 dollars/baril, soit une baisse de 7,03%, en situation de fort recul des quantités d'hydrocarbures exportées (- 10,61%) au cours du semestre. En valeur, les exportations d'hydrocarbures se sont contractées de 14,31% au premier semestre 2013 par rapport au même semestre de l'année 2012, reculant de 37,50 milliards de dollars à 32,14 milliards de dollars. Selon la Banque centrale, la baisse des exportations d'hydrocarbures a affecté «négativement» la balance commerciale, notamment au second trimestre, pendant que les importations de biens poursuivaient leur trend haussier en contexte de faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures (0,682 milliard de dollars au premier semestre 2013 contre 0,473 milliard de dollars au premier semestre 2012). «La constance de la faiblesse structurelle des exportations hors hydrocarbures et la faiblesse de la diversification et la compétitivité de l'Algérie à l'étranger rend la stabilité financière de l'Algérie relativement précaire depuis plusieurs années face aux chocs extérieurs liés au marché mondial de l'énergie», explique le Gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci. Cette situation va s'aggraver davantage, car le pétrole et le gaz sont des ressources en cours d'épuisement. D'après les experts en la matière, l'horizon de la fin des exportations des hydrocarbures se profile autour de 2025-2030. Certes, l'Algérie a réalisé, ces dernières années, de bonnes performances économiques (la dette extérieure ne représente que 1,8% du PIB et la dette intérieure publique se situe à 8,3% du PIB à 2012...), et ce, grâce à ses politiques budgétaire et monétaire prudentes lesquelles ont contribué à maintenir l'inflation à un faible niveau. Mais en dépit des efforts pour diversifier l'économie nationale, les recettes des hydrocarbures représentent encore 98% des exportations et deux tiers des recettes budgétaires. Autrement dit, l'Algérie peine toujours à se libérer de sa dépendance aux hydrocarbures et vis-à-vis de l'étranger. En témoigne la lourde facture d'importation des produits industriels et de consommation (plus de 40 milliards de dollars/an). Ainsi et pour réaliser son indépendance économique, l'Algérie, selon le collectif Nabni, devrait entamer «en urgence» le long virage de la diversification. «Sur la base d'hypothèses optimistes, nous estimons qu'au plus tard en 2020, c'est-à-dire dans un peu plus de 5 ans, les finances publiques pourraient ne plus pouvoir soutenir le rythme actuel des investissements publics (aujourd'hui principal moteur de croissance), ni celui des transferts sociaux, face à une demande de plus en plus pressante de la société», avertit le groupe. Et d'ajouter, «si nous n'entamons pas ce virage aujourd'hui, la fenêtre d'opportunité qui s'offre à nous, pourrait se refermer, et nous serons forcés un jour, sous contrainte, de revoir à la baisse nos ambitions de construction du pays, de développement social et d'investissements en infrastructures». «Entamer ce long virage exige de revoir en profondeur l'action de l'Etat et les attentes de la société pour inventer un nouveau modèle de croissance qui ne dépende plus des hydrocarbures», note Nabni qui propose ainsi d'inscrire dans la Constitution une «règle d'or» budgétaire qui limite progressivement la part du budget de l'Etat provenant de la fiscalité des hydrocarbures, jusqu'à la ramener à zéro en 20 ans. Nabni propose, entre autres mesures, d'instaurer «un plafond sur le taux d'endettement public, qui sera aussi inscrit dans la Constitution, afin que la baisse des recettes fiscales provenant de la rente ne soit pas compensée par une course à l'endettement excessif de l'Etat pour continuer à financer un niveau de dépenses non soutenable» et d'inscrire dans la loi sur la monnaie et le crédit, des contraintes strictes plafonnant le financement de l'Etat et des institutions étatiques et paraétatiques par les banques publiques et la Banque d'Algérie. Nabni demande également la transparence totale et la publication des subventions et des contrats de performance accordées à toutes les entreprises (publiques et privées), aux investisseurs et acteurs économiques, qu'il s'agisse d'exemptions fiscales, de subventions directes ou indirectes, de terrains, de crédits, etc. Selon le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, les pouvoirs publics préparent les conditions de réussite de la politique nationale de diversification de l'économie et son orientation vers les secteurs productifs. Cette diversification, a-t-il indiqué à l'issue de sa visite dans la wilaya de Tlemcen, «est devenue une nécessité incontournable». Il exprime, dans ce sens, le refus «catégorique» de «toute discrimination» entre les secteurs public et privé, estimant que le «plus important est la réussite de l'entreprise algérienne et son aptitude à contribuer à la création de richesses et d'emplois». M. Sellal souligne aussi la nécessité d'«améliorer l'environnement des affaires, la simplification des procédures et des systèmes juridiques, réglementaires, bancaires et fiscaux». B. A.