Va-t-on se diriger vers un bras de fer entre les pharmaciens de l'Ouest et le ministère de la Santé au point où la menace d'une grève a été brandie, hier matin à Oran, lors d'une conférence de presse donnée par les représentants de l'Association solidarité des pharmaciens de l'Ouest (Aspo) ? Le malaise, pour ne pas dire le conflit, est né suite à un arrêté ministériel du 20 août 2014 "fixant les modalités d'organisation de la garde des officines de pharmacie" et qui, dans la foulée, impose aux pharmaciens, en dehors des gardes, de fermer leurs officines à 19h. Alors que l'application de cet arrêté est prévue à partir du 1er janvier 2015, et dans le cas où le ministère le maintiendrait en l'état, les pharmaciens, se disant soutenus par les citoyens et leurs clients, sont prêts à aller vers une grève générale. Face à ce qu'ils estiment être une décision "aberrante, inique et troublante", les pharmaciens de l'Aspo la contestent farouchement, rejoignant ainsi le Syndicat national algérien des pharmaciens d'officines (Snapo), qui aurait appelé, lui aussi, au gel de cet arrêté, selon Mme Maâziz, la présidente de l'Aspo. Pour elle, cette décision d'obliger les pharmaciens à fermer à 19h aura pour principale conséquence de pénaliser gravement les citoyens, d'accroître l'insécurité et aussi de mettre au chômage des milliers d'employés travaillant de nuit dans les officines. "Les citoyens sont habitués de tout temps à trouver des pharmacies ouvertes jusqu'à 22h et plus, c'est une garantie pour eux et les malades de trouver où acheter leurs médicaments en urgence. Si les pharmacies doivent fermer, le citoyen va devoir sortir la nuit à la recherche d'une pharmacie de garde, sans être assuré qu'il y trouvera tous les médicaments dont il a besoin", explique l'intervenante confortée par des pharmaciens venus témoigner lors de ce point de presse. L'autre grief retenu contre cette décision, c'est que nombre de pharmaciens ont deux employés, au minimum, travaillant de nuit. "Que va-t-il advenir de ces employés si la fermeture se fait à 19h ?" s'interrogent des membres de l'Aspo. Et d'ajouter que ce sont des centaines de personnes qui vont se retrouver au chômage alors qu'Oran compte quelque 630 pharmacies. L'autre argument avancé est relatif à l'activité des pharmaciens qui, majoritairement, réalisent leur meilleur chiffre d'affaires au-delà de 19h, d'où le sentiment que cet arrêté va surtout "provoquer la casse des officines de petite capacité, et ce n'est pas la dérogation permise par l'arrêté qui va régler les choses, au contraire, cela va favoriser la corruption", ajoutent des pharmaciens. Durant le point de presse, la présidente de l'Aspo a encore évoqué la récente réunion du "bureau local du Snapo avec la DDS et quelques pharmaciens triés" appelant, eux, à l'application dudit texte et devant préparer la liste des gardes. "Nous sommes à quelques jours de l'application de ce décret et aucune liste de garde ne nous a été parvenue", laissant entendre que la confusion est générale. Profitant de cette rencontre avec la presse, les pharmaciens ont encore évoqué les problèmes récurrents de pénurie de médicaments et les problèmes d'insécurité et d'agressions les ciblant pour leurs recettes, mais surtout pour leurs stocks de psychotropes. D. L