Ghannouchi et Caïd Essebsi se jettent des fleurs. Dans une émission télévisée, le leader du parti islamiste a affirmé que la comparaison entre Ben Ali et Caïd Essebsi ne tient pas. Ben Ali est arrivé au pouvoir suite à un coup d'état, alors Béji Caïd Essebsi "y est parvenu grâce à des élections libres et transparentes". Cette déclaration semble être une réponse à celle faite, auparavant, par Caïd Essebsi qui affirme être disposé à coopérer avec le parti islamiste. La hache de guerre est-elle définitivement enterrée entre les deux hommes ? Tout semble l'indiquer, si l'on se réfère à la position adoptée par le président élu qui n'a pas hésité à démentir le secrétaire général de son parti, Tayeb Baccouche. Celui-ci avait, en effet, exclu toute collaboration avec le parti islamiste qui ne "sera pas invité à faire partie du nouveau gouvernement". Les divergences entre les composantes de Nidaa Tounes sont d'ailleurs de plus en plus profondes. Selon les indiscrétions, ce parti vit ces derniers jours la période la plus difficile de son existence. La mosaïque des courants politiques qui le composent ne semble pas tenir après le départ de son chef charismatique, Béji Caïd Essebsi. En attestent les divergences apparues entre les membres de son bureau exécutif à propos de la désignation du chef du nouveau gouvernement. Plusieurs noms sont sur la table des négociations et, durant deux jours, les participants ne sont pas parvenus à s'entendre sur l'identité de la personnalité à proposer. Les dissensions ne sont plus un secret pour personne. Les trois grands courants (gauche, destouriens et RCD-istes, syndicalistes) courent, chacun, après un leadership que détenait, à ce jour, le président élu. Ce qui se reflète sur les discussions du comité exécutif qui n'arrive pas à trancher. Seule certitude, le futur chef du gouvernement ne sera pas issu de Nidaa Tounes, comme le laissent croire les indiscrétions. Mais où se dirige-t-on ? La liste des personnalités originaires du sud du pays, dont en particulier Mohamed Fadhel Khélil et Nouri Jouini, est mise de côté pour appartenance de ces derniers aux gouvernements de Ben Ali. C'était une des conditions posées par le Front Populaire et son secrétaire général Hamma Hammami, relayé par l'aile gauche de Nidaa Tounes. Autre nom qui circule avec insistance, celui du leader du parti Afek Tounès qui s'est rallié à Caïd Essebsi au 2e tour de la présidentielle. Cependant, les observateurs s'interrogent sur les raisons qui cachent l'abstention de Nidaa Tounes (majoritaire à l'assemblée) de conduire le gouvernement. La crainte de l'échec dans une aussi délicate situation politique et économique aurait incité ce parti à "fuir" cette responsabilité pour la faire partager à toute la classe politique. Un calcul pour le moins intelligent, estiment les observateurs qui n'excluent pas l'approfondissement des divisions d'un parti qui, après une montée fulgurante en deux années d'existence, commence à appréhender l'épreuve de l'incertitude. Pourtant, le pays a besoin de stabilité pour décoller. M. K.