L'année 2014 a été celle du retour sur la scène politique de l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche. Habitué à des apparitions occasionnelles avec des tentatives de candidature à la présidentielle depuis 1999, Mouloud Hamrouche a rompu avec ses silences et sa réserve pour joindre sa voix à celles des autres initiatives de l'opposition. Mais Mouloud Hamrouche préfère travailler en solo et aller lentement dans une sorte de campagne de vulgarisation de son idée sur la transition. Il développe son "initiative" à travers des conférences qu'il anime dans les wilayas en abordant les thèmes intimement liés à sa perception du changement qu'il considère d'ailleurs comme une urgence. Proche des thèses du FFS, mais non loin de celles de l'opposition, l'ancien chef de gouvernement sous Chadli ne rejoint aucune d'elles. Il les oppose seulement à la manière avec laquelle doit s'opérer le changement. Si l'opposition réclame une présidentielle anticipée, Hamrouche refuse d'y participer estimant qu'elle n'est pas la priorité. Il plaide pour un changement intelligent, graduel et pacifique. Car, affirme-t-il dans ses interventions, il s'agit d'extirper l'Etat de l'hégémonie du pouvoir et des hommes. Pour ce faire, il préconise une reconstruction de l'Etat jusque dans ses fondements avec les institutions, les dispositifs juridiques, des institutions élues avec des pouvoirs précisés et l'Armée — sujet imprécis dans son discours — avec un rôle constitutionnellement bien défini. Depuis quelques mois, Mouloud Hamrouche a investi les médias avec des interventions structurées autour du thème du changement avant de passer la vitesse supérieure en investissant le terrain. Sur ce plan, faut-il reconnaître qu'il fait mieux que les autres partis d'opposition, même s'il faut relever que ses activités sont régulièrement entravées par l'administration. Demeure cependant une inconnue dans ce regain d'activité aux objectifs pas encore clairs, d'autant plus que l'auteur de cette démarche inédite n'affiche pour l'instant aucune ambition politique définitive. Mais compte tenu de ses expériences, tentatives de candidature passées, il apparaît clairement qu'il n'a pas abandonné son ambition présidentielle, ce qui transparaît à travers son retour sur la scène avec cette intense activité et sa proposition de sortie de crise. Se pose alors la question de savoir si l'obstacle à ses candidatures, la main de l'armée sur les scrutins depuis 1999, est levé, ouvrant la voie devant lui pour poursuivre "ses réformes" contrariées par la conjoncture des années 1990. Les réponses sont attendues dans le programme de ses prochaines conférences. D. B.