Composées de cadres du ministère du Commerce, des douanes et des impôts, ces commissions planchent sur la réduction des importations et la lutte contre la fuite des capitaux, a indiqué Amara Benyounès. Tout en prenant garde à ne pas inquiéter l'opinion publique, Amara Benyounès annonce une austérité qui ne dit pas son nom. "L'Algérie se trouve dans une situation très différente de celle de 1986 lorsque les prix du pétrole avaient également connu une forte chute. Aujourd'hui, nous avons la chance de ne pas avoir de dette extérieure et d'avoir des réserves de changes qui peuvent nous permettre de tenir entre 3 et 4 années", dit-il. En d'autres termes, le train de vie des Algériens peut être maintenu et soutenu pour encore 3 ou 4 années. Une échéance qui met le gouvernement au pied du mur, forcé à réfléchir aux moyens, les moins impopulaires, de réduire les dépenses de l'Etat. "Plafonner les importations" ? questionne l'APS. "Cela dépendra de l'évolution du marché pétrolier et des équilibres macroéconomiques et budgétaires durant les 2 à 3 prochains mois pour décider ou non de l'élaboration d'une loi de finances complémentaire qui déterminera les ajustements", répond-il. Mais le ministre du Commerce rassure : "Il est hors de question de réduire l'importation des produits alimentaires de première nécessité pour l'année 2015. Ce n'est pas du tout envisageable." La facture alimentaire s'élève à plus de 9 milliards de dollars et représente 17% des importations globales. Il n'y aura pas, non plus, de restrictions pour l'importation des biens d'équipements et des matières premières agricoles et industrielles, dont la proportion est de 62% du total des importations. "Ces produits étant nécessaires au fonctionnement de l'économie et à la création de la richesse nationale, ils seront difficilement concernés par des restrictions car le programme d'investissement dans le secteur public ou privé nécessite l'importation d'un certain nombre d'équipements et de matières premières pour faire fonctionner les projets", a-t-il expliqué. Mais alors, quels produits importés seront concernés par ces mesures restrictives ? Cette question a été posée lors du Conseil restreint des ministres, tenu il y a une dizaine de jours, et consacré à l'impact de la baisse des cours du pétrole sur la démarche économique et sociale du pays. Ainsi, pour répondre à la volonté du Président, qui avait chargé le gouvernement de veiller à la rationalisation des importations et au renforcement du contrôle des opérations de financement du commerce extérieur, deux commissions ont été mises en place. La première, installée au ministère du Commerce, est chargée "d'élaborer les actions à prendre pour assurer une meilleure gestion et la rationalisation des achats à l'extérieur", selon M. Benyounès. La seconde, composée de représentants du ministère du Commerce et des deux administrations douanière et fiscale, a pour mission de passer à la loupe "toutes les transactions de commerce international afin de limiter l'évasion des capitaux vers l'étranger", a-t-il ajouté. Sans chiffrer l'éventuel préjudice que représente la fuite des capitaux, M. Benyounès estime qu'"un contrôle beaucoup plus rigoureux des opérations de commerce extérieur est à même de permettre à l'Algérie de préserver ses recettes en devises". De même, il plaide pour la diversification de l'économie algérienne. "La vraie solution pour l'Algérie réside dans la diversification de son économie à travers la relance des secteurs de l'industrie, de l'agriculture et du tourisme", conseille-t-il. A. H.