Réunis par le wali, leur mission est de se faire le relais des autorités auprès des populations qui sont vent debout contre cette forme d'énergie. Réunis par le wali de Tamanrasset, Mahmoud Djamaâ, à l'hôtel Tidikelt d'In-Salah, dans la matinée du jeudi 8 janvier 2015, soit à la veille du deuxième vendredi de la protestation citoyenne contre le gaz de schiste, les imams des mosquées ont été instruits de tenir, à l'occasion de la prière du vendredi, (hier, ndlr), un prêche "sur mesure" pour "raisonner" les contestataires. Pour convaincre les imams à assumer la tâche d'expliquer aux fidèles que le gaz de schiste est loin de constituer un danger pour les habitants et qu'il servira le développement économique de la région et du pays en général, le wali a été épaulé dans sa tâche par les membres de la commission technique, venue d'Alger. Les représentants des citoyens protestataires, signalons-le, ont refusé d'écouter les membres de cette commission composée d'experts et de consultants dans les domaines des hydrocarbures, de l'environnement et des ressources en eau. Les experts dont l'ancien ministre de l'Energie, Abdelmadjid Attar, et Mohamed Mechraoui, expert en hydrocarbures, ont exposé auparavant, dans la soirée de mercredi, devant une poignée d'élus et de notables, tous discrédités aux yeux du petit peuple. Des protestataires boudent les mosquées Informés de l'instruction donnée aux imams, les protestataires, une bonne partie d'entre eux, ont carrément décidé de bouder les mosquées à cette occasion, pour tenir la prière du vendredi (el-djamouâ), à même la grande placette qui fait face à la daïra, soit le lieu accueillant leur rassemblement depuis le 1er janvier. "Nous savons à l'avance ce que vont nous dire ces imams acquis à l'Etat. Ils sont des fonctionnaires qui tenteront de faire passer le message des autorités que nous connaissons déjà ; ils vont tenter de dire aux fidèles que ce gaz de schiste ne constitue pas une menace pour les habitants d'In-Salah, ni pour l'environnement. Et cela ne va pas nous convaincre, car nous sommes conscients que les risques sont multiples. D'où nous avons décidé de ne pas nous rendre aux mosquées aujourd'hui (hier vendredi, ndlr)", déclare un fidèle. Néanmoins, les mosquées n'ont pas désempli durant la prière d'hier vendredi. Beaucoup de fidèles, dissuadés par le vent violent qui soufflait sur la ville d'In-Salah, ont fini par rejoindre les mosquées pour accomplir le devoir religieux. "Oui, nous avons finalement décidé d'aller à la mosquée, mais aucun des imams ne pourra nous dissuader à renoncer à notre action. Le mouvement de protestation se poursuivra jusqu'à ce que le gouvernement décide de fermer le puits de gaz de schiste d'Ahnet. Et que chacun assume ses responsabilités", nous confirme Mohamed Azzaoui, un des représentants actifs des citoyens d'In-Salah. À sa sortie de la mosquée, il est toutefois heureux que l'imam à qui il avait affaire n'avait pas joué le jeu des autorités en se limitant, raconte-t-il, à appeler les citoyens au calme et à poursuivre leur action pacifiquement. "Il (l'imam) n'a à aucun moment justifié l'exploitation du gaz de schiste", a-t-il confirmé. F. A.