Y sera-t-il ? C'est du parti islamiste Ennahdha qu'il s'agit. Sera-t-il représenté au gouvernement ? C'est la question qui se pose aujourd'hui en Tunisie suite à l'accord de principe du conseil consultatif (majliss ech-choura) qui a donné le feu vert à la direction du parti de participer à la future équipe gouvernementale que constitue, actuellement, Habib Essid. Celui-ci reste sans doute ouvert à tous les courants politiques. Mais ira-t-il jusqu'à satisfaire le désir du parti islamiste qui a demandé que les portefeuilles de souveraineté n'aient pas des couleurs partisanes. Quelle serait la réaction du parti majoritaire à l'assemblée, Nidaa Tounès, et de son fondateur, l'actuel président de la République, Béji Caïd Essebsi ? Malgré la clarté de la lune de miel dans laquelle baignent ses relations avec cheikh Rached Ghannouchi, le chef de l'état acceptera-t-il les conditions du parti islamiste pour faire partie d'un gouvernement dont la formation revient de droit à son ancien parti ? Peut-on croire que Habib Essid a les coudées franches pour passer outre aux conseils, voire les "instructions" du président Caïd Essebsi ? Peut-on croire que ce dernier s'est définitivement écarté de la politique de Nidaa Tounès ? Rares sont ceux qui y croient, même si Béji Caïd Essebsi a, à maintes reprises, annoncé qu'il serait le président de tous les Tunisiens. Toujours est-il qu'en acceptant l'entrée au gouvernement, le parti islamiste renonce définitivement à l'opposition, tout comme deux autres partis, l'Union patriotique libre (UPL) ou Afek Tounès. Parmi les partis classés aux premières loges des législatives, seul le Front populaire (gauche) de Hamma Hammami a choisi l'opposition. La raison est claire. Il refuse de siéger dans un gouvernement comprenant des ministres ayant exercé avec Ben Ali ou appartenant au parti islamiste. Que dire alors quand le chef du gouvernement était lui-même secrétaire d'Etat sous Ben Ali ? L'espace d'une année, le Front populaire a effectué un revirement de 180 degrés. L'année dernière, quand il s'agissait de déloger le parti islamiste du pouvoir, le Front poulaire, siégeant avec le quartet, avait proposé comme chef de gouvernement le nom de celui dont il rejette, aujourd'hui, la désignation à ce poste. Ainsi, à la lumière de ces développements, le nouveau gouvernement serait une espèce de "quadrichromie" composée de Nidaa Tounès, d'Ennahdha, de l'UPL et d'Afek Tounès et l'entrée d'indépendants, technocrates notamment, n'est pas à exclure. Cependant, au moment où Habib Essid fait des acrobaties pour constituer son équipe, l'actuel gouvernement vit une période difficile. Il fait face à des manifestations de tous genres, en particulier de la part des lycéens des classes de terminale. Depuis quelques jours, ces derniers ont déserté les cours pour multiplier les sit-in en protestation contre la décision du ministère de l'Education de changer le système de notation au baccalauréat. Vendredi, c'était par milliers qu'ils se sont massés devant le Parlement, demandant aux députés d'appuyer leurs revendications qui consistent en le maintien du système institué par Ben Ali en leur faveur. Les tracasseries ne s'arrêtent pas là. Les enseignants du cycle secondaire refusent de tenir les conseils des classes, tant que le gouvernement ne répond pas favorablement à leurs revendications matérielles. Autant de problèmes qui exigent des solutions urgentes pour permettre au nouveau gouvernement d'entamer son mandat dans un climat relativement calme. M. K.