Les partis politiques Nidaa Tounes et l'UPL ont fini par imposer leur représentation directe au sein du gouvernement de Habib Essid. Le secrétaire général de Nidaa Tounes, Taïeb Baccouche, sera le prochain ministre des Affaires étrangères. D'autres dirigeants du parti vainqueur aux élections (Slim Chaker, Selma Rekik, Mahmoud Ben Romdhane, Saïd El Aïdi et Lazhar Akermi) seront à la tête des départements du Commerce, de l'Emploi, du Transport, de la Santé et des Relations avec la présidence de la République et l'Assemblée des représentants du peuple. De son côté, l'Union patriotique libre de Slim Riahi sera représentée par trois ministres : Néjib Derouiche à la Coopération internationale, Mohsen Hassen au Tourisme et Meher Ben Dhia au département de la Jeunesse et des Sports. Les islamistes d'Ennahdha n'ont pas été représentés directement au gouvernement. Mais, des sources proches de Montplaisir affirment que le leader du mouvement, Rached Ghannouchi, a été consulté sur la composition de l'équipe de Habib Essid. Toutefois à rappeler que Ghannouchi a déclaré, il y a une semaine, aux médias que «la participation de ministres d'Ennahdha au gouvernement Essid n'était pas une condition sine qua non pour le soutenir». «Notre principal souci, c'est le programme de ce gouvernement», a-t-il insisté. Par ailleurs, plusieurs observateurs affirment que les ministres de l'Intérieur, Mohamed Nejem Gharsalli, et de l'Education, Abdelmenef Abdrebbou, seraient dans la mouvance islamiste élargie, comme le fut Lotfi Ben Jeddou, actuel ministre de l'Intérieur, ou l'ancien ministre de la Justice, Nadhir Ben Amou, nommés du temps de Ali Laârayedh. Les ministères de la Défense et de la Justice ont été attribués aux doyens Ferhat Horchani et Mohamed Salah Ben Aïssa, indépendants, certes, mais faisant partie du large front sociodémocratique. Le gouvernement de Habib Essid ne compte pas, par contre, des personnalités représentant les partis Afek Tounes et Al Massar, pressentis pour faire partie de ce gouvernement. Yassine Brahim et Samir Taïeb ont demandé davantage de postes que ce que leur avait proposé Habib Essid. Equilibres politiques et attentes sociales De l'avis de tous, la touche de Béji Caïd Essebsi est évidente dans cette composition. L'actuel président de la République n'a cessé d'insister depuis des mois sur des personnalités consensuelles à la tête des départements stratégiques comme la Défense, l'Intérieur, la Justice, l'Enseignement supérieur et l'Education nationale. «Habib Essid n'aurait pas présenté son équipe s'il n'était pas sûr de l'obtention de la majorité en sa faveur à l'Assemblée», estime le politologue Néji Jalloul, qui croit au «soutien conditionnel d'Ennahdha à cette équipe». Selon lui, le soutien des islamistes au gouvernement va être tributaire de son action pour maintenir la pression. Pour sa part, le politologue Slaheddine Jourchi pense que «l'actuelle composition de l'Assemblée ne permet pas une majorité très stable». Habib Essid ne pouvait, selon Jourchi, satisfaire pleinement tout le monde. «Le meilleur compromis est quand tout le monde n'est pas satisfait», ajoute-t-il. Au-delà de la composition du gouvernement, se pose aujourd'hui la problématique des attentes par rapport à ce gouvernement, appelé à réaliser les objectifs de la révolution. Il est donc grand temps pour que les élus du 26 octobre assument leurs responsabilités et montrent leur savoir-faire. Jusque-là, il a été juste dit que l'équipe choisie sera opérationnelle dès le premier jour et n'aura pas besoin de temps d'apprentissage. Quatre ans après le 14 Janvier, les attentes sont grandes de la part de la population et du monde des affaires. Tout le monde s'impatiente aujourd'hui de voir les mesures contenues dans le programme des 100 premiers jours du prochain gouvernement. C'est avec ce gouvernement que devraient commencer les œuvres socioéconomiques du printemps démocratique tunisien. Ce ne sera certes pas du gâteau.