Une discrétion absolue entoure pour le moment l'identité et la mission de cet émissaire qui sera dépêché pour tenter d'éteindre le feu de la révolte. Quand le mouvement de protestation des citoyens d'In-Salah hostiles au gaz de schiste prendra-t-il fin ? Concrètement, et au vu de la mobilisation citoyenne sur le terrain, personne ne peut répondre à la question. Néanmoins, avons-nous appris hier d'une source locale, la situation préoccuperait au plus haut niveau la présidence de la République, laquelle compte dépêcher "incessamment" un émissaire en vue de convaincre les contestataires à renoncer à ce mouvement. Selon notre source qui n'est autre qu'un des représentants du mouvement, la Présidence ne précise, pour l'instant, ni le nom de la personnalité à envoyer ni la date de sa venue. Est-ce le Premier ministre, Adelmalek Sellal, qui viendrait comme réclamé par les citoyens d'In-Salah ? "Pour l'instant, nous avons seulement appris de nos contacts établis, il y a déjà quelques jours, que la présidence de la République promet d'envoyer incessamment son représentant officiel. Qui viendra ? Quand ? Quel message apportera-t-il ? Franchement, rien ne nous a été précisé à présent", répond notre interlocuteur qui, dit-il, vient tout juste d'être informé, non sans souligner qu'il s'apprête à rejoindre une "réunion" et qu'il serait injoignable pour le reste de la journée. Nos tentatives de reprendre attache avec notre source pour plus de précisions ont été toutes vaines. Une chose est, en revanche, sûre : la mobilisation citoyenne est toujours intacte. Mieux, elle va crescendo d'un jour à l'autre. Hier encore, au douzième jour de la révolte populaire antigaz de schiste, une énième marche, cette fois mixte (hommes et femmes), a été organisée, dans la matinée au centre-ville, alors que toute l'activité commerciale et administrative est toujours à l'arrêt. Les klaxons des automobilistes placés en avant du cortège des marcheurs, les slogans antigaz de schiste et les youyous des femmes mêlés au sifflement du vent de sable ont réveillé cette ville de son calme désertique. "Non, non, non au gaz de schiste", "Ya li laâr, ya li laâr, baâtou sahra bi dollar" (littéralement : honte à vous, vous avez vendu le Sahara pour un dollar), ou encore "Dieu, Le Clément, Sauve-nous de cette malédiction" sont autant de slogans scandés à tue-tête par les manifestants qui ne comptent rien négocier sans l'arrêt du chantier du gaz de schiste lancé dans la région. "Nous ne demandons ni plus ni moins que l'arrêt définitif de l'exploitation du gaz de schiste dans notre région et partout ailleurs en Algérie, car cela y va de notre santé et de celle de notre environnement", répètent sans cesse les opposants à l'exploitation de cette énergie non conventionnelle dont les techniques d'exploitation nécessitent l'usage de produits chimiques et autres additifs. Cela, sans parler des catastrophes sur l'environnement que provoqueraient ces techniques de fracturation hydraulique (verticale et horizontale) de la roche et des couches géologiques. La marche, qui s'est ébranlée de la placette jouxtant le siège de la daïra, officieusement baptisée place de L'Union ou de la Résistance, c'est selon, vers 9h, a sillonné presque tous les axes principaux de la ville sous la vigilance d'un imposant dispositif sécuritaire. Contrairement à ce que nous avons l'habitude de voir dans le reste des villes du pays en de pareilles occasions, ici, les éléments des services de sécurité font, toutefois, jusque-là preuve d'une discrétion exemplaire. Ils adoptent, depuis le premier jour de la manifestation, un comportement, faut-il le souligner, digne de celui que l'on reconnaît à leurs "collègues" des grandes démocraties. Mais, il faut dire aussi que le travail des éléments des services de sécurité a été facilité par le civisme des manifestants très pacifiques d'In-Salah. Et si l'exemple nous venait enfin du Sud ? F. A.