Comme il fallait sans doute s'y attendre, la récente sortie du liquidateur de l'ex-El Khalifa Bank, qui a souhaité l'intervention des pouvoirs publics pour la résolution de l'épineuse question des déposants, n'a pas laissé de marbre les clients spoliés de l'ex-banque du richissime homme d'affaires Abdelmoumène Khalifa. Dans une déclaration à Liberté, le président du collectif des clients spoliés d'El Khalifa bank, M. Omar Abed, a réitéré encore une fois au nom des déposants son interpellation au président de la République afin qu'“il mette en application dans les meilleurs délais son engagement solennel”, dit-il. “Nous exhortons Monsieur le président de la République à mettre en application dans les meilleurs délais son engagement solennel. Beaucoup d'entre nous ne sauraient supporter une plus longue attente et risquent de s'engager dans des actions désespérées”, déclare-t-il. Si les appréhensions de l'éventuel recours à des actions “désespérées” sont invoquées, c'est parce que les déposants ne comprennent pas pourquoi le processus de remboursement traîne dans le temps d'autant, rappellent-ils à juste titre, que “l'espoir est revenu” après les déclarations du président de la République à la veille de l'élection présidentielle du 8 avril de l'an passé. “Nous allons basculer bientôt dans une nouvelle année, et le calvaire de nombreuses familles algériennes continue. L'espoir est pourtant revenu dans les cœurs et les âmes lorsque, à la veille de l'élection présidentielle d'avril dernier, Monsieur le président de la République s'était engagé formellement à rembourser les déposants”, rappelle le président du collectif. Un rappel que ne manque pas aussi de noter M. Rabhi Rachid, président du collectif des émigrés spoliés. Selon lui, “le président avait même demandé au Premier ministre, lors d'un Conseil des ministres en juin dernier, de faire concrétiser ses engagements”. Mais, depuis, les déposants attendent toujours un hypothétique remboursement de leur argent. Même le liquidateur, pourtant installé dans l'espoir d'assainir la situation née du krach de l'ex-banque, a avoué récemment à demi-mots que “la solution est entre les mains des pouvoirs publics”. “Vous savez, c'est une opération délicate qui nécessite des vérifications, et le liquidateur ne peut rien faire tout seul”, a-t-il reconnu à l'émission Actuel de la radio Chaîne III. Une manière subtile d'interpeller le premier magistrat du pays. En dépit de cet aveu, certains déposants, notamment à l'émigration, pensent cependant que “la machine grince au niveau de l'administration”. “Pour nous, le problème est réglé sur le plan politique puisque le président s'est engagé publiquement. À notre sens, c'est l'administration qui n'a pas mis les instruments pour concrétiser ses engagements”, affirme M. Rabhi. En attendant donc un retour d'écho à leur interpellation, les déposants n'excluent pas d'envisager des actions dans les prochains jours. K. K.