Les services du ministère de l'Intérieur n'auraient toujours pas travaillé à ce découpage, les ressources budgétaires nécessaires pour la réalisation du projet étant difficiles à dégager. La persistance du mouvement citoyen de résistance à l'exploitation du gaz de schiste, dont des puits exploratoires ont été forés dans la daïra d'In-Salah, dans la wilaya de Tamanrasset, met en alerte les plus hautes autorités du pays. Mardi, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a convoqué et présidé un mini-Conseil des ministres dédié intégralement à la crise qui couve dans le Sud. Outre la promesse de ne pas engager immédiatement l'exploitation du gaz de schiste, le mini-Conseil des ministres a décidé de la création dans le Sud, d'ici à l'été prochain, de wilayas déléguées, aux moyens renforcés et aux compétences élargies. L'annonce de ce découpage administratif, réduit aux seules wilayas du Sud, en attendant son élargissement dans un second temps, en 2016, aux wilayas des Hauts-Plateaux, est conçu, avec l'extinction des torchères, comme la mesure à même de contribuer à l'apaisement de la tension qui dure depuis près d'un mois. Ce découpage administratif propre au Sud constitue, à cet égard, l'exception à la décision gouvernementale de renvoyer à échéance éloignée la mise en application d'une promesse électorale faite au nom de Bouteflika par Abdelmalek Sellal en sa qualité de directeur de campagne. Des daïras, comme El-Menéa (Ghardaïa), In-Salah (Tamanrasset) et Touggourt (Ouargla) ont même été citées comme potentiellement éligibles au statut de wilaya. Finalement, le gouvernement, absorbé par la recherche d'amortisseurs à la crise financière induite par la chute drastique du prix du baril de Brent sur les marchés internationaux, a dû se résigner à concéder juste le statut intermédiaire de wilayas déléguées. L'austérité budgétaire préconisée depuis la mi-décembre et qui a même fait l'objet d'une instruction du Premier ministre aux ministres, walis et directeur général de la Fonction publique y serait pour quelque chose dans le choix du caractère conféré à ce découpage administratif. Un découpage auquel, croit-on savoir, les services du ministère de l'Intérieur n'auraient toujours pas travaillé, tant est que les ressources budgétaires nécessaires pour la réalisation du projet (infrastructures et encadrement) restent difficiles à dégager en période d'indigence financière telle que celle que le pays traverse des suites de la crise du pétrole. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que le découpage se trouve circonscrit aux seules wilayas du Sud alors qu'il devait être plus large et concerner, au moins, aussi les Hauts-Plateaux. La décision a procédé de l'urgence de donner des réponses aux populations du Sud dont la détermination et la vigilance ont déjoué toutes les manœuvres destinées à faire fléchir leur mouvement de contestation. La sensibilité du dossier a poussé le gouvernement à se faire moins austère, quitte à se faire violence et passer outre ses propres recommandations. Le Premier ministre qui, dans son instruction de décembre dernier, a ordonné de limiter la création d'établissements publics à caractère administratif et s'astreindre aux infrastructures sociales et éducatives, se retrouve, face à la poussée contestataire dans le sud du pays, plus particulièrement dans la localité d'In-Salah où a lieu l'exploration du gaz de schiste, contraint de réaménager sa politique d'austérité budgétaire. S.A.I.