La guerre froide, que certains croient encore « tiède », entre la Russie et ses adversaires, en l'occurrence l'Union Européenne et les Etats Unis, s'affirme de plus en plus, et à tous les niveaux. Au fil des jours, chaque partie avance ses pions et les médias sont devenus un véritable terrain de batailles. La Russie l'a bien compris. Pour cela, le Kremlin semble beaucoup miser sur une présence plus accrue dans les médias. Défendre l'image de la Russie et offrir une alternative aux médias mainstream n'est pas un luxe. C'est une exigence géostratégique pour chaque pays voulant dépasser le stade de spectateur et essayant d'être un acteur sur la scène internationale. Vladimir Poutine ne peut se contenter de sa puissance nucléaire, et il tient donc à ce que l'image de sa Russie soit autre que celle rapportée par les médias dominants. Cette année 2015 s'annonce cruciale pour les prochaines décennies. Ce qui se passe dans plusieurs régions du monde l'atteste, et ce n'est pas le père de la Perestroïka, Mikhaïl Gorbatchev, qui va le nier. Sa déclaration d'hier jeudi est plus qu'un avertissement « Où cela va-t-il tous nous mener ? La Guerre froide est déjà déclarée. Et ensuite ? Je ne suis pas en mesure de déclarer avec assurance que la Guerre froide ne va pas tourner à une véritable guerre ». Il y a déjà Russia Today (RT), une chaîne de télévision qui essaye plus au moins de s'imposer. Une mission loin d'être facile malgré le fait d'avoir sur plusieurs satellite trois versions : anglaise, espagnole et en arabe. Face à une rude concurrence, surtout CNN, El Jazeera, ou encore France 24, elle a pu toutefois avoir des résultats plus que probants. RT est classée deuxième chaîne d'information en continu aux...Etats-Unis. La chaîne compte d'ailleurs 2000 employés et possède 21 bureaux à travers le monde. Ne voulant lâcher aucun terrain, RT est également présente en force sur la toile. Elle est la première chaîne d'info au monde sur Youtube. Photo: capture d'écran de la chaîne YouTube de RT Mais voilà, RT ne suffit pas pour cette guerre d'informations dans laquelle la Russie est plongée, essentiellement depuis le début de la crise ukrainienne et l'avalanche de sanctions subies de la part des Etats-Unis et de l'Union Européenne. Vouloir faire entendre une autre voix que celle des médias mainstream demande une présence accrue sur tous les supports. Sputnik ! «Da» Les moins jeunes se souviennent sans aucun doute des fameux satellites «Spoutnik» soviétiques dont le nom, est rentré dans l'histoire. En Algérie, c'était même utilisé dans le jargon populaire, et à ce jour certains continuent à taquiner les travailleurs sérieux par « tu veux lancer un spoutnik ou quoi ! ». L'URSS n'existe plus, mais les ambitions de grandeurs sont de retour au pays des Tsars. Si les Sputnik c'était pour afficher les ambitions de conquête de l'espace, en 2015, ça ne résonne pas différemment dans la communication. D'où le choix du nom de Sputnik donné au nouveau service d'informations multimédias en français lancé, hier, par la Russie. La version française de l'agence d'informations Sputnik est la dernière en date après celles en anglais, espagnol, allemand, chinois, turc, kirghize et en abkhaze. Photo: Capture d'écran de la version FR de Sputnik Cette nouvelle initiative arrive juste après l'ouverture des studios pour la RT à Londres. Sputnik Fr est lancée également un peu plus d'un mois après la décision du kremlin de regrouper l'agence de presse publique, Ria-Novosti et la Voix de Russie en une unique agence : Rossia Segodnia (Russie d'aujourd'hui). A cette présence communicationnelle russe tout azimut, il faut ajouter les solutions alternatives proposés par Moscou (à l'instar de Pékin) sur les réseaux sociaux. Youtube, et Dailymotion ne sont plus les maîtres de la toile depuis quelques années déjà. Les plateformes numériques russes prennent de plus en plus d'envergures sur la toile, bousculant ce que les médias mainstream mettent au devant de la « scène ». La «communauté internationale », définie en tant qu'entité représentant les pays européens, les Etats Unis et leurs alliés, est loin de représenter toute l'humanité, encore moins la majorité. Vouloir comprendre l'état du monde demande un regard global, au-delà de ce qui est répété à satiété sur tous les supports. Le tout en sachant que la vérité est bien « ailleurs »... Une diplomatie numérique ! En Algérie, on semble par contre croire que le pays est une île isolée. La « non-communication » est toujours là comme politique de gouvernance. En plus de cette absence médiatique (si ce n'est par des "affaires" dans les médias étrangers), cette position de l'autruche, aux effets catastrophiques pour le présent, et l'avenir proche du pays, est devenue un véritable danger pour tous les algériens. Et dire qu'il ya le concept de la diplomatie numérique sur lequel des débats sont lancés depuis plusieurs années. Mais comment espérer un «open your eyes», quand un gouvernement n'arrive même pas à expliquer le Gaz de Schiste aux populations de In Salah... Salim KOUDIL @SalimKoudil