La Coordination locale des étudiants (CLE) de Béjaïa poursuit toujours ses actions de protestation. Outre la tentative de blocage du campus d'Aboudaou, ils ont initié une marche qui a réuni des centaines de manifestants ; les organisateurs estiment leur nombre à près de 2 000. Bien que le mouvement soit en phase de reflux comme en témoigne la faible mobilisation qui a caractérisé l'action d'hier dans les rues de Béjaïa, force est de constater que la CLE arrive encore à drainer du monde. Ils étaient plusieurs centaines d'étudiants à y prendre part. Et la majorité des étudiants — ils sont plus de 40 000 — se retrouve paradoxalement piégée par un mouvement qui tire en longueur. Les examens, fixés une première fois au 15 février, ont été reportés au 25. Avec la poursuite du mouvement, la date pourrait être à nouveau éloignée. Mais d'aucuns craignent que l'évolution de ce mouvement risque d'être problématique puisque des bagarres ne sont pas à exclure à l'avenir entre les animateurs de la CLE et ceux qui veulent rejoindre sans trop tarder les bancs des amphis qui ne sont qu'à moitié pleins, a-t-on constaté sur place. Les étudiants, qui ont rejoint, hier, vers 8h, les salles et les amphis au niveau du campus d'Abouadou ont franchi, sans accrocs, l'entrée de l'université. Mais une heure après, les animateurs de la CLE sont arrivés pour prendre possession des lieux et accrocher leurs banderoles. Toutefois, les agents de sécurité sont intervenus pour les déloger. Peine perdue. Certains d'entre eux ont préféré rentrer dans les salles et les amphis pour inviter les étudiants à quitter les lieux. Les étudiants, qui avaient cours ou TD, ont refusé d'obtempérer, car ils ont considéré que des concessions ont été faites par l'administration aux membres de la CLE. "Une bonne partie des exclus a été réintégrée. Qu'est-ce que vous voulez de plus maintenant ? Laissez-nous étudier tranquillement, je vous prie." Le délégué de la CLE, chargé de vider la salle, dira : "Mais il n'y a pas que le problème des exclus. On réclame de meilleures conditions pédagogiques. Que valent vos diplômes : rien. Les diplômes de l'université de Béjaïa ne valent plus rien." L'enseignant, qui voyait que les esprits commençaient à s'échauffer, a décidé d'interrompre le cours un quart-heure avant l'horaire prévu. Mais les deux protagonistes ne se sont pas arrêtés pour autant. Les rangs grossissaient des deux côtés, mais on ne signalait aucun incident notable. Les étudiants, dont des exclus du campus d'Aboudaou, ont entamé ensuite une marche et rejoint leurs camarades venus de Targa Ouzemour pour un rassemblement devant le siège de la wilaya. Slogans souvent scandés : "Où va l'université ?" Ou encore : "Le savoir n'est pas une marchandise et l'université n'est pas une entreprise." Durant la prise de parole, on a expliqué en gros que par cette action, on voulait forcer l'administration rectorale à prendre sérieusement en charge la plateforme de revendications et à annuler les poursuites judiciaires intentées à l'encontre de 17 étudiants, ainsi que sauvegarder les franchises universitaires. On craint que l'administration fasse appel à la force publique pour déloger ceux qui ont recours au blocage de l'université. Après plus de quatre mois de grève et le gel des activités de l'administration rectorale, ponctués par des rassemblements, des marches et des sit-in, les étudiants disent avoir enregistré des avancées : l'accès au mastère ; la réintégration des exclus, mais dénoncent en même temps "les pratiques jugées machiavéliques de l'administration qui recourt, selon eux, à la violence (agressions des étudiants, dépôts de plaintes et l'intervention des forces à l'université)". M. O.