Résumé : Maria et Yahia se séparèrent après dix années de relation. Elle pleura longtemps après son départ. Elle était seule, abandonnée. Elle avait eu la faiblesse d'attendre un homme qui ne voulait rien d'elle... Maria ne rentra pas tout de suite à la maison. Elle ne pouvait pas rentrer sans avoir retrouvé un peu de calme, sans que la rougeur de ses yeux ait diminuée, sans qu'elle ait remis un peu d'ordre dans ses cheveux qu'elle avait massacrés tout en pleurant. Elle sortit une glace de son sac à main et ferme les yeux après s'être vue. Elle se trouvait bien pitoyable avec sa peine affichée, après ce coup bas du destin. -Il aurait pu se trouver une autre victime, murmura-t-elle. Quelqu'un qui ait une famille au moins ! Elle n'aurait pas été seule. Il y aurait eu quelqu'un pour la consoler... Allons Maria, se réprimande-t-elle en son for intérieur. Il n'est pas digne de ton amour. Il court plus vite que le temps ! Il ignore qu'il va directement à sa perte ! Et cela lui faisait encore plus de peine. Elle ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose de fâcheux, qu'il eut à souffrir, même s'il était son bourreau. Quand elle rentra chez elle, il était plus de dix- huit heures. Elle était sortie à seize heures avec l'idée qu'elle allait dîner en sa compagnie après s'être promenés dans les rues comme tous les vieux amoureux. Et s'il avait voulu, ils auraient terminé la nuit ensemble. C'était arrivé à bien des reprises. Maria aurait donné bien cher pour avoir une autre nuit avec lui. Même avec l'idée qu'elle soit la dernière. Pour terminer en beauté... Elle habitait un F2 hérité d'un oncle maternel. Elle l'avait meublé avec goût, le salon était composé de fauteuils au cuir blanc, la table basse était en verre fumé. Il y avait de belles plantes dans les coins. La cuisine était assez spacieuse pour contenir une table en plus du buffet et des appareillages électroménagers. Dix années de travail pour tout s'offrir. Elle était fière de son foyer. Elle alla dans sa chambre, enleva ses chaussures, accrocha sa veste de soie et resta avec sa robe décolletée. Elle l'avait achetée uniquement pour faire plaisir à Yahia. ` Il avait toujours aimé la voir porter du court et du décolleté. Avant de le connaître, elle avait été une jeune fille très réservée, portant du long, avec un col monté. Jamais on n'avait vu ses bras et encore moins ses jambes. Personne ne lui avait connu d'histoires d'amour, même au temps du lycée. Il avait fallu que Yahia apparaisse dans sa vie pour tout remettre en question, jusqu'à ses principes. Il avait réussi à gagner son cœur, son esprit, et même à amadouer son âme. Il avait pris, certes, du temps mais il avait réussi. Maria avait commencé à l'aimer une année après l'avoir rencontré. Elle avait accepté plusieurs rendez-vous et, au fil du temps, elle était devenue prisonnière de son regard bleu. Que n'aurait-elle pas fait pour donner un peu plus d'éclat dans ses yeux ? Pour qu'il puisse être un jour son prisonnier... Mais comme elle le constatait aujourd'hui, après dix longues années d'attente, il venait de mettre un terme à leur relation amoureuse parce qu'il avait conclu qu'elle n'était pas la femme qu'il lui fallait. Dire qu'elle lui avait tout donné sans rien recevoir en retour. A plusieurs reprises, elle avait exigé un éclaircissement de la situation, de ses sentiments. A ces moments, il y avait une rupture qui durait un court temps puis Yahia revenait à elle, refusant une séparation définitive jusqu'à aujourd'hui. Et tout en pleurant sur son coussin, Maria s'en voulut. Certainement qu'elle n'avait pas été à la hauteur. Sinon il ne l'aurait pas "plaquée". Ce qui la peinait, c'était la façon dont il l'avait fait. Il aurait pu être délicat et la préparer à cette séparation. Ils se seraient quittés amis et elle aurait eu le temps d'avoir quelque chose de lui. Mais bien que tout fût fini entre eux, elle se promit de l'avoir une dernière et autre fois. Quel que soit le prix à payer. (À suivre) A. D.