Résumé de la 2e partie - La marâtre, réalisant qu'elle a tué le fils de son mari, le découpe en menus morceaux et en fait un ragoût... Le père rentra à la maison pour manger, se mit à table et demanda : «Où est mon fils ? » La mère vint poser sur la table une pleine marmite de ragoût à la sauce brune et petite Marlène pleurait sans pouvoir s'en empêcher. Une seconde fois, le père demanda : « Mais où est donc mon fils ? — Oh ! dit la mère, il est allé à la campagne chez sa grand-tante ; il y restera quelques jours. — Mais que va-t-il faire là-bas ? demanda le père et il est parti sans seulement me dire au revoir ! — Il avait tellement envie d'y aller, répondit la femme ; il m'a demandé s'il pouvait y rester six semaines et je le lui ai permis. Il sera bien là-bas. — Je me sens tout attristé, dit le père ; ce n'est pas bien qu'il soit parti sans rien me dire. Il aurait pu quand même me dire adieu !» Tout en parlant de la sorte, le père s'était mis à manger ; mais il se tourna vers l'enfant qui pleurait et lui demanda : — Marlène, mon petit, pourquoi pleures-tu ? Ton frère va revenir bientôt. Puis il se tourna vers sa femme : «O femme, lui dit-il, quel bon plat tu as fait là ! Sers-m'en encore.» Elle le resservit, mais plus il en mangeait, et plus il en voulait. — Donne-m'en, donne-m'en plus, je ne veux en laisser pour personne : il me semble que tout est à moi et doit me revenir. Et il mangea, mangea jusqu'à ce qu'il ne restât plus rien, suçant tous les petits os, qu'il jetait au fur et à mesure sous la table. Mais la petite Marlène se leva et alla chercher dans le tiroir du bas de sa commode le plus joli foulard qu'elle avait, un beau foulard de soie, puis, quand son père eut quitté la table, elle revint ramasser tous les os et les osselets, qu'elle noua dans son foulard de soie pour les emporter dehors en pleurant à gros sanglots. Elle alla et déposa son petit fardeau dans le gazon, sous le genévrier ; et quand elle l'eut mis là, soudain son cœur se sentit tout léger et elle ne pleura plus. Le genévrier se mit à bouger, écartant ses branches et les resserrant ensemble, puis les ouvrant de nouveau et les refermant comme quelqu'un qui manifeste sa joie à grands gestes des mains. Puis il y eut soudain comme un brouillard qui descendit de l'arbre jusqu'au sol, et au milieu de ce brouillard c'était comme du feu, et de ce feu sortit un oiseau splendide qui s'envola très haut dans les airs en chantant merveilleusement. Lorsque l'oiseau eut disparu dans le ciel, le genévrier redevint comme avant, mais le foulard avec les ossements n'était plus là. La petite Marlène se sentit alors toute légère et heureuse, comme si son frère était vivant ; alors elle rentra toute joyeuse à la maison, se mit à table et mangea. L'oiseau qui s'était envolé si haut redescendit se poser sur la maison d'un orfèvre, et là il se mit à chanter : Ma mère m'a tué ; Mon père m'a mangé ; Ma sœurette Marlène A pris bien de la peine Pour recueillir mes os jetés Dessous la table, et les nouer Dans son foulard de soie Qu'elle a porté sous le genévrier. Kywitt, kywitt, bel oiseau que je suis ! (A suivre...)