Résumé de la 9e partie n Le roi Charmant raconta à la princesse comment il a été transformé en oiseau. Ils se séparèrent au petit matin après s'être promis que toutes les nuits ils s'entretiendraient ainsi… La joie de s'être trouvés était si extrême qu'il n'est point de termes capables de l'exprimer : chacun remerciait de son côté l'amour et la fortune. Cependant, Florine s'inquiétait pour l'Oiseau Bleu : «Qui le garantira des chasseurs, disait-elle, ou de la serre aiguë de quelque aigle ou de quelque vautour affamé qui le mangerait avec autant d'appétit que si ce n'était pas un grand roi ? ô ciel ! que deviendrais-je si ses plumes légères et fines, poussées par le vent, venaient jusque dans ma prison m'annoncer le désastre que je crains ?» Cette pensée empêcha que la pauvre princesse fermât les yeux car lorsque l'on aime les illusions paraissent des vérités et ce que l'on croyait impossible dans un autre temps semble aisé en celui-là, de sorte qu'elle passa le jour à pleurer jusqu'à ce que l'heure fût venue de se mettre à sa fenêtre. Le charmant oiseau, caché dans le creux d'un arbre, avait été tout le jour occupé à penser à sa belle princesse. «Que je suis content, disait-il, de l'avoir retrouvée ! Qu'elle est engageante ! Que je sens vivement les bontés qu'elle me témoigne !» Ce tendre amant comptait jusqu'aux moindres moments de la pénitence qui l'empêchait de l'épouser et jamais on n'en a désiré la fin avec plus de passion. Comme il voulait faire à Florine toutes les galanteries dont il était capable, il vola jusqu'à la ville capitale de son royaume. Il alla alors à son palais et entra dans son cabinet par une vitre qui était cassée. Il prit des pendants d'oreilles de diamants si parfaits et si beaux qu'il n'y en avait point au monde qui en approchassent. Il les apporta le soir à Florine et la pria de s'en parer. «J'y consentirais, lui dit-elle, si vous me voyiez le jour, mais puisque je ne vous parle que la nuit je ne les mettrai pas.» L'oiseau lui promit de prendre si bien son temps qu'il viendrait à la tour à l'heure qu'elle voudrait. Aussitôt, elle mit les pendants d'oreilles... Et la nuit se passa à causer comme s'était passée l'autre. Le lendemain, l'Oiseau Bleu retourna dans son royaume. Il alla à son palais . Il entra dans son cabinet par la vitre rompue et il en apporta les plus riches bracelets que l'on eût encore jamais vus : ils étaient d'une seule émeraude, taillés en facettes creuses par le milieu pour y passer la main et le bras. «Pensez-vous, lui dit la princesse, que mes sentiments pour vous aient besoin d'être cultivés par des présents ? Ah ! que vous me connaîtriez mal. — Non, madame, répliquait-il, je ne crois pas que les bagatelles que je vous offre soient nécessaires pour me conserver votre tendresse mais la mienne serait blessée si je négligeais l'occasion de vous marquer mon attention, et quand vous ne me voyez point ces petits bijoux me rappellent à votre souvenir. » Florine lui dit là-dessus mille choses obligeantes auxquelles il répondit par mille autres qui ne l'étaient pas moins. La nuit suivante, l'Oiseau amoureux ne manqua pas d'apporter à sa belle une montre d'une grandeur raisonnable et qui était dans une perle : l'excellence du travail surpassait celle de la matière. (à suivre...)