L'expert aurait voulu que l'institution financière aille au fond des choses dans son analyse de la situation économique du pays et donne le mode d'emploi pour les solutions préconisées. Le tout récent constat établi par le Fonds monétaire international (FMI) sur la situation économique de l'Algérie, énoncé à Alger par le directeur du département Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord), n'est, in fine, qu'un assortiment d'observations superficielles et générales. On aurait aimé, notent les économistes, que l'institution financière donne plus de détails et aille en profondeur dans son analyse. Au lieu de s'en tenir à des généralités que le commun des mortels touche du doigt déjà, à force de lui rabâcher à profusion les imperfections des différents mécanismes composant l'économie nationale, le dernier rapport de l'instance internationale aurait pu non seulement identifier les pistes à emprunter pour une meilleure protection contre le choc pétrolier, mais aussi suggérer la méthodologie à suivre pour atteindre un tel objectif. En fait, l'Algérie a besoin du mode d'emploi pour cette sortie de crise car le même bilan et les remarques qui en découlent, elle les a précédemment effectués. En termes plus clairs, le gouvernement et le FMI épousent, tel que précisé par les officiels algériens, une seule et même position quant à la situation socioéconomique qui prévaut dans le pays. Les principaux axes des projections prononcées par le FMI, notamment l'accélération des réformes, la consolidation budgétaire graduelle mais soutenue, la stimulation de la contribution de l'investissement privé dans le développement et la diversification des exportations, sont autant de questions évoquées et largement débattues par les acteurs de la scène économique nationale. Or, ce que le fonds ne juge pas utile ou peut-être refuse d'invoquer, ce sont, selon l'expert, Abdelhak Lamiri, les facteurs-clés du succès. "Le FMI reste muet sur l'essentiel", relève-t-il. Le défi qui attend l'Algérie est sa capacité, estime-t-il, à moderniser la pratique managériale au sein des administrations et des entreprises. Outre l'investissement dans les ressources humaines, M. Lamiri accorde un intérêt considérable à la décentralisation. Que les communes et les wilayas élaborent, affirme-t-il, leurs propres plans de développement et qu'elles les mettent en œuvre de manière autonome. Abdelhak Lamiri soulève, également, un manque flagrant de statistiques fiables. D'où sa proposition de mise en place d'un système d'information qui devrait être l'œuvre de spécialistes dûment formés, et suivant les standards internationaux. Une fois installé, ce système d'information sera à même d'aider les dirigeants dans la prise de décisions engageant l'avenir du pays. Un tel paramètre servira de levier que l'Etat pourra actionner dans la stratégie qu'il élaborera pour atténuer un tant soit peu cette chute inopinée des prix du baril de pétrole. Il constitue, en plus, un instrument efficace dans la nouvelle politique de financement du service public, fondée sur un allègement de la charge financière du Trésor, projetée en ces temps de crise par l'Exécutif. "Sans ces deux paramètres, à savoir une formation de qualité des RH et un management des entreprises et des administrations, aucune réforme ne peut enregistrer de résultats probants et toute politique économique est vouée à l'échec", indique l'économiste. B.K.