La solution politique reste la seule option viable pour résoudre la crise en Libye, en dépit de l'incertitude créée par le camp des va-t-en-guerre qu'a rejoint l'Egypte, en préconisant l'intervention militaire. C'est là, en tout cas, le sens de la déclaration commune rendue publique mardi par les gouvernements des principaux pays européens (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Italie et Espagne) et les Etats-Unis, qui ont souligné la nécessité d'une "solution politique" en Libye et appelé à la formation d'un gouvernement national qu'ils sont prêts à soutenir. Dans cette déclaration rendue publique à Rome, les cinq grandes puissances occidentales ont battu en brèche la solution militaire, confortant ainsi la démarche prônée par les pays voisins de la Libye, notamment l'Algérie, qui continue à soutenir avec conviction le dialogue politique. Cela s'imbrique aussi, d'ailleurs, sur les avis des experts, selon lesquels une intervention militaire internationale telle qu'évoquée par l'Egypte et l'Italie serait très complexe à mettre en place et risquerait d'aggraver encore la situation chaotique de ce pays extrêmement divisé. Ainsi, l'Egypte, qui souhaitait demander hier l'autorisation à l'ONU d'une intervention militaire en Libye, se heurte à la réticence des puissances occidentales. La communauté internationale considère que le véritable danger en Libye est la montée en puissance du groupe Etat islamique (EI) plutôt que la lutte des différentes milices pour le contrôle du pouvoir. Au lendemain du bombardement par l'Egypte des bases terroristes en Libye, les cinq puissances ont estimé que "l'assassinat brutal de 21 citoyens égyptiens en Libye par des terroristes affiliés à l'EI (organisation de l'Etat islamique) souligne une fois encore l'urgente nécessité d'une solution politique du conflit". "Le terrorisme frappe tous les Libyens, et aucune faction ne peut affronter seule les défis auxquels le pays est appelé à faire face", poursuit le texte. La formation d'un gouvernement d'unité nationale, que ces grandes puissances occidentales se disent prêtes à soutenir, "constitue le meilleur espoir pour les Libyens", selon cette déclaration. Celle-ci annonce, par ailleurs, que le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Libye, Bernardino Leon, convoquera dans les prochains jours une série de réunions dans le but d'aboutir à la formation de ce gouvernement d'unité nationale. Ceux qui ne participeront pas à ce processus de réconciliation s'excluront de "la solution politique en Libye", ajoute cette déclaration. "Quatre ans après la révolution" qui a abouti à la chute du colonel Mouammar Kadhafi, "il ne sera pas permis à qui tente d'empêcher le processus politique et la transition démocratique de la Libye de condamner le pays au chaos et à l'extrémisme", indique encore ce texte. En dehors de l'Egypte, l'Italie avait récemment cherché à mobiliser l'ONU et ses alliés européens pour une intervention militaire en Libye. Le ministre italien des Affaires étrangères, Paolo Gentiloni, avait affirmé, ce week-end, que l'Italie était "prête à combattre", et son homologue de la Défense, Roberta Pinotti, avait précisé que le pays prendrait la tête d'une coalition armée et enverrait au moins 5 000 hommes sur le terrain. Mais le président du Conseil italien Matteo Renzi avait calmé le jeu, lundi, en jugeant que ce n'était "pas le moment pour une intervention militaire", et appelé à faire preuve de "sagesse et de prudence".