Résumé : Le dîner est annoncé. Les femmes s'éclipsèrent pour aller manger dans la grande cour illuminée. Malika vint servir sa belle-sœur et Maroua avant d'annoncer le marié. Mordjana se retrouve seule. Elle avait peur de la réaction de son mari. L'image que lui renvoie le miroir accentue ses appréhensions... Maroua avait forcé sur le fond de teint et le blush. À la lumière faible de la chambre, la tache ne se remarquait pas autant. Mais Mordjana savait qu'elle était là... Tel un monstre, elle lui dévorait le visage et torturait son âme. Un bruit la fait tressaillir. Elle court remettre son voile, et se rassoit sur le lit. Des pas approchaient... Elle retint son souffle lorsque la poignée de la porte tourne...Une ombre s'allonge sur le sol et s'approche d'un pas feutré... La jeune fille ne respire plus... Elle sent son cœur cogner dans sa poitrine... -Bonsoir Mordjana... La voix était douce... Telle une caresse, se dit la jeune fille... C'est une voix chaude et très agréable. Elle déglutit en tentant de répondre : -Bon... bonsoir. Sa voix à elle est plutôt hachée... L'avait-il entendue ? Samir vient s'asseoir à côté d'elle. Mordjana sursaute, et se retient pour ne pas crier : "Non ! Pas là ! C'est le mauvais côté!" Mais Samir ne semble pas s'en rendre compte. La jeune fille sent son corps trembler et sa langue se retourner dans sa bouche. Elle ne pourra pas prononcer un mot de plus... Elle baisse la tête dans un silence sacré... Samir ne semblait pas pressé de lui ôter son voile... Il savait de par sa sœur que sa future femme était affublée d'une tâche disgracieuse. Est-ce pour cela qu'il maintenait le suspense ? Avant de quitter les lieux, Malika avait disposé sur la table basse des fruits, des gâteaux et du thé. Samir se lève et va servir deux thés. Il revient vers Mordjana et lui tend sa tasse. Elle passe une main sous son voile et la prend. Samir rit doucement : -Franchement, je ne voulais pas te brusquer en ôtant moi-même ton voile. Je pensais qu'en prenant la tasse tu allais t'en débarrasser. Ne recevant pas de réponse, il soupire : -Eh bien tant pis... Je dois tout faire moi-même... Mordjana sent sa main trembler. Le breuvage chaud allait l'éclabousser... -Heu... Attends... Samir suspend son geste : -Heu... prends d'abord la tasse... Je... je ne peux pas la tenir... Il s'empare de la tasse, et la dépose sur la table de nuit : -Veux-tu enfin m'aider Mordjana ? -T'aider ? -Oui... Facilite-moi la tâche. On dirait que derrière ton voile, ton corps et ton esprit m'envoient des ondes négatives... Je... je n'arrive pas à me décider à t'ôter ce maudit voile. -Mais... je ne... je ne veux pas t'aider... Je ne veux pas ôter mon voile... Ce que... ce que tu vas découvrir n'est pas beau. -Allons donc, je ne pense pas que tu sois aussi moche que ça... - Si... je le suis... D'un geste prompt, Samir tire sur le voile... Mordjana tente de s'y accrocher, mais il tire bien plus fort, et peut enfin dégager le visage de sa femme. Le moment était crucial et empreint de gravité pour la jeune fille... Elle ne savait pas si elle devrait relever ses yeux et regarder son mari ou continuer de baisser la tête et attendre sa réaction. Elle opta pour la seconde solution. Avec des gestes très doux, Samir lui relève le menton et l'oblige à redresser la tête, puis passe une main caressante sur son visage, avant de s'arrêter sur sa joue. Mordjana, les yeux toujours baissés, ne vivait plus. Samir lui prend la main et la porte à ses lèvres : - Regarde-moi, Mordjana. Plus morte que vive, Mordjana consentit enfin à relever les yeux. Elle est vite attirée par un regard plein de sollicitude : -Ne crains rien Mordjana... je suis ton mari, et j'ai tous les droits sur toi. Mordjana contemple l'homme qui se trouvait devant elle. Samir était loin d'être une laideur. Elle n'avait jamais rêvé d'épouser un homme aussi charmant. Il était grand, musclé et avait de très beaux traits. Sa peau mate et ses cheveux noirs le faisait ressembler plutôt à un acteur... On lui avait dit qu'il avait fait des études supérieures...Que faisait-il déjà comme métier ? Elle ne se le rappelait pas bien... (À suivre) Y. H.