Avec la saisie, par les douaniers du port d'Annaba, de quatre conteneurs de 40 pieds remplis de vulgaires chiffons, hier, cette enceinte a été, une fois encore, sous les feux de la rampe et l'on en est à se demander jusqu'où sont prêts à aller les spécialistes du transfert illicite de devises et leurs relais. Selon des sources proches du port autonome, les douaniers ont procédé à la saisie immédiate de 4 conteneurs, lesquels étaient supposés chargés de 49 354 effets vestimentaires neufs (des robes de mariée, des costumes pour homme et des ensembles pour enfant comme indiqué sur les factures), lors d'un contrôle au terminal. Nos sources indiquent que la valeur marchande de la prétendue cargaison, qu'un opérateur de Bir El-Ater (Tébessa) a importée depuis Dubaï, par le biais de la General Trading Company, est estimée à près de 700 000 dollars US, soit l'équivalent de 70 000 000 de dinars. Nous apprenons également que le transfert illicite de devises a été effectué sur la base d'un crédit documentaire (Crédoc) confirmé au profit de la Mashreq Bank PSCHO, Dubaï, et que le contentieux à l'encontre de l'importateur indélicat, qui encourt, soit dit en passant, une amende de quelque 42 milliards de centimes, a été déposé auprès du parquet d'Annaba. Aussitôt éventée, cette nouvelle affaire de fraude à l'importation a mis les services douaniers sur les dents et une vaste opération de contrôle ciblée et renforcée sur des conteneurs encore à quai dans toutes les zones du port d'Annaba est en cours, et l'on s'attend à d'autres mauvaises surprises du genre. Les saisies presque simultanées de 2 200 tonnes de sucre blanc surfacturé et de cartouches vides de 12 et de 16 pour fusils de chasse, opérées depuis le début de l'année, avaient déjà créé un malaise certain au sein de l'institution douanière, surtout qu'il a été prouvé que certains fonctionnaires de ce corps étaient impliqués dans ces atteintes à l'économie nationale. Certains cadres des douanes engagés frontalement dans la lutte contre la fraude et le transfert illicite de devises, touchant ainsi aux intérêts des milieux mafieux, auraient fait l'objet de menaces et craindraient même pour leur intégrité physique. Réagissant sous le sceau de l'anonymat à la récente saisie de conteneurs chargés de chiffons inutilisables, des observateurs estiment que la réglementation en vigueur, notamment celle relative au Crédit documentaire, offre la possibilité aux trafiquants de sévir, et que les pouvoirs publics doivent impérativement revoir les procédures de transfert de devises dans le cadre de la régulation du commerce extérieur. Nos interlocuteurs sont convaincus que, ce faisant, le gouvernement algérien pourra mettre un frein aux appétits, sans cesse grandissants, des faux importateurs à un niveau national. A. A.