Devant la multiplication des attaques terroristes, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a procédé, jeudi, au remplacement de son ministre de l'Intérieur Mohamed Ibrahim, qui n'a pas réussi à enrayer les attentats djihadistes qui secouent régulièrement le pays. C'est le général Magdy Mohamed Abdel Hamid Abdel Ghaffar, qui a dirigé le puissant département de la sécurité nationale, pourtant accusé par des organisations de défense des droits de l'Homme d'abus et de torture, qui prend le relais. Quant au général Mohamed Ibrahim, qui supervisait la sanglante répression lancée contre les partisans de l'islamiste, Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013, il a été nommé adjoint au Premier ministre, selon un communiqué rendu public par la présidence égyptienne. Il s'agirait d'un poste symbolique selon des experts. Ce remaniement aura touché six ministères au total. Outre l'Intérieur, il s'agit des ministres de l'Agriculture, de l'Education, de la Culture, du Tourisme et des Communications, selon un communiqué de la présidence égyptienne. Cité par l'agence de presse officielle Mena, le Premier ministre Ibrahim Mahlab, a déclaré que "l'objectif de ce remaniement est d'injecter du sang neuf pour aller de l'avant". Hazem Hosni, un professeur de sciences politiques à l'université du Caire, a estimé qu' "il s'agit d'améliorer l'image du régime devant la communauté internationale et les Egyptiens", car cela intervient quelques jours avant une importante conférence économique organisée par les autorités pour attirer des investisseurs étrangers. "M. Sissi voulait éviter les questions qui auraient pu lui être posées concernant la répression de l'opposition", a estimé M. Hosni. Dans les mois qui ont suivi l'éviction de Mohamed Morsi, plus de 1 400 manifestants islamistes ont été tués, au moins 15 000 sympathisants arrêtés et des centaines condamnés à mort dans des procès expéditifs qui ont provoqué un tollé international. Les autorités ont également été embarrassées, en janvier, par la mort d'une manifestante d'un parti laïc et de gauche, Shaïmaa al-Sabbagh, durant un rassemblement commémorant le quatrième anniversaire de la révolte de 2011, qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Des manifestants affirment que la jeune femme, mère d'un enfant de 5 ans, a été tuée par la police, ce que le ministère de l'Intérieur nie. Les forces de sécurité ont par ailleurs été critiquées pour leur impuissance face aux djihadistes qui multiplient les attaques. Le dernier de ces attentats a eu lieu, lundi, en plein cœur du Caire près de la Cour suprême, faisant deux morts. Le général Mohamed Ibrahim avait lui-même échappé en septembre 2013 à une tentative d'assassinat revendiquée par Ansar Beït al-Maqdess, le principal groupe djihadiste du pays qui a fait allégeance au groupe terroriste Daech. À signaler que deux nouveaux ministères ont vu le jour jeudi en Egypte. Il s'agit de celui de la Population, un portefeuille autrefois chapeauté par le ministre de la Santé, et le ministère de l'Enseignement technique. M. T./Agences