Contactée par Liberté, la juriste et membre actif du mouvement associatif féminin, Me Nadia Aït-Zaï livre sa réaction à chaud, après l'annonce par le président de la République des amendements sur la législation relative au divorce. "Je veux comprendre cette annonce comme une protection à la famille. Je ne peux pas imaginer qu'il s'agisse d'un recul sur les droits de la femme à mettre un terme à la relation conjugale, ce qui est déjà assez difficile pour elle actuellement. Ce que je comprends lorsque le Président dit : ‘Nous devons améliorer nos lois relatives à la famille en harmonie avec les exigences de notre époque et de la vie moderne, aussi bien pour l'homme que pour la femme, en veillant à assurer une totale conformité avec notre sainte religion', c'est que moderniser veut dire mieux expliquer le divorce." ‘El-khol', pour la femme, est un droit équivalent à "la répudiation" lorsqu'il s'agit de l'homme. Ces deux dispositions sont tout à fait conformes d'un point de vue religieux. Si le législateur souhaite revenir sur le droit à la femme d'invoquer ‘el-khol'' lorsqu'elle veut rompre le lien conjugal, il faut également interdire à l'homme la possibilité de répudier son épouse. "J'espère que cette commission aura des instructions claires pour ne pas diminuer des droits de la femme dans la rupture du lien conjugal. Si cette annonce vient en réponse aux arguments mis en avant par les partis islamistes, qui accusent el-khol' d'être une menace pour la stabilité de la cellule familiale et avancent, pour étayer cette thèse, les chiffres du ministère de la Justice qui font état de 5 000 divorces, qu'ils nous donnent les chiffres des répudiations, elles sont bien plus nombreuses et leurs dégâts sur la cellule familiale méritent également d'être mis en lumière." Propos recueillis par A. H.