Ali Benflis a dressé un sévère réquisitoire à l'encontre du pouvoir qu'il a accusé d'avoir réduit la femme ainsi que la majorité des Algériens au statut d'infra-citoyens. La diatribe est fort percutante. Le porte-parole de Talaiou El-Houriat a accusé le pouvoir et le régime qu'il incarne d'avoir créé une citoyenneté à deux vitesses. "Le régime politique en place a réussi à créer une citoyenneté à deux vitesses et, pour le dire autrement, une supra-citoyenneté et une infra-citoyenneté", a-t-il affirmé, hier, lors d'une rencontre organisée à Alger à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, expliquant que la supra-citoyenneté bénéficie aux membres des réseaux clientélistes du régime alors que l'infra-citoyenneté est réservée aux sans-voix. "La femme algérienne — comme l'homme algérien — est réduite à ce statut d'infra-citoyenneté. Et cette infra-citoyenneté est la marque de fabrique et le label du régime politique qui sévit dans notre pays." Selon Benflis, les réseaux clientélistes, qui jouissent de l'impunité, sont "constitués en groupes de pression et d'influence sur lesquels repose le régime politique lui-même". Ali Benflis a relevé que dans l'autre catégorie des Algériens, celle qui n'est ni écoutée ni entendue, la femme vit un supplément d'injustices, notamment les violences, entre autres, celles conjugales. Le porte-parole de Talaiou El-Houriat a donc conséquemment applaudi à l'adoption récente de la loi pénalisant les violences contre les femmes par l'APN. "Nous soutenons donc fermement au sein de Talaiou El-Houriat la loi qui vient d'être adoptée et qui comporte des dispositions dissuasives et répressives à l'encontre des violences conjugales", a-t-il affirmé dans un discours prononcé devant un auditoire féminin, au siège du parti, à l'occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme. Pour le premier responsable du nouveau-né sur la scène politique nationale, la femme algérienne subit, outre trois grandes formes de discrimination et d'arbitraire, une violence encore plus pernicieuse : celle conjugale. "Toute violence est répréhensible aux yeux de la loi. Et la violence conjugale doit l'être à trois titres, comme violence en tant que telle et circonstances, à mes yeux aggravantes, en tant que violence contre une femme et en tant que violence commise contre une épouse et une mère", a souligné Benflis qui a établi un long et sévère diagnostic de la condition de la femme, dénonçant y compris mais surtout les dispositions relatives à la femme introduites dans la Constitution lors de l'amendement de novembre 2008. "(...) Nous n'utiliserons pas la noble cause de la femme pour couvrir une agression politique caractérisée contre l'ordre constitutionnel comme cela a été le cas de la révision constitutionnelle de 2008 qui s'est révélée avec le temps si préjudiciable et si tragique pour notre pays", a-t-il martelé, avant de marquer la différence de son parti avec le système en place sur la question de l'émancipation de la femme : "Nous ne ferons pas entrer des femmes dans un gouvernement qui ne gouverne pas ; nous ne ferons pas élire des femmes à un Parlement qui enregistre mais ne légifère pas ; nous ne nommerons pas des femmes dans les institutions de l'Etat qui ne fonctionnent plus et qui, lorsqu'elles fonctionnent, se mettent aux ordres d'un régime politique et non aux ordres du peuple qu'elles sont censées servir ; nous ne réduirons pas la noblesse du combat de nos concitoyennes pour leurs droits à une affaire de chiffres et à une opération statistique sans consistance (...)." Le réquisitoire contre le pouvoir en place est sans appel. En effet, pour Benflis, un régime totalitaire qui vit de la transgression de tous les droits ne peut respecter ceux des femmes. "Un régime politique qui relève d'un âge révolu ne peut incarner la modernité politique dont dépend la promotion et la défense des droits de la femme (...)." S. A. I.