Promesse de renfort pour l'opposition politique nationale. L'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, qui coordonne déjà le Pôle des forces du changement (PFC) et contribue à l'animation de la très active Instance de concertation et de suivi de l'opposition (Icso), a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse à Alger, que son parti, en phase de constitution, tiendra toute sa place au sein de l'opposition. "Talaiou El-Houriat (Avant-garde des libertés, ndlr) n'est pas un acquis pour ses seuls militants, mais bel et bien un acquis pour l'ensemble de l'opposition nationale dont il viendra renforcer les rangs et relayer le message démocratique qu'elle adresse à l'ensemble du peuple algérien", a-t-il souligné, après avoir dévoilé l'identité politique et la filiation historique de ce nouveau parti, dont le congrès constitutif est prévu pour la première semaine de juin. Talaiou El-Houriat est un parti national démocrate qui œuvre pour une république démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques. "Pour notre parti, la république démocratique et sociale dans le cadre des valeurs islamiques, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ; c'est l'Etat de droit et des institutions au service du peuple et non au service du régime politique quel qu'il soit", a-t-il indiqué. Et de poursuivre : "(...) C'est un gouvernement qui gouverne au nom du peuple, un Parlement qui représente le peuple et une justice qui dit le droit au nom du peuple sans crainte et sans faiblesse." Selon Ali Benflis, la création de Talaiou El-Houriat répond à une attente de "centaines de milliers de citoyens" qui se sont reconnus dans son projet politique, présenté notamment à l'occasion de l'élection présidentielle d'avril 2014. Par ailleurs, même si la crise actuelle influence son projet politique, ce dernier va au-delà de son règlement, a fait remarquer Benflis. "Nous apporterons un programme politique innovant et novateur, une conception moderne de la pratique politique (...)", a souligné encore Benflis qui a affirmé pouvoir formaliser l'acte fondateur de son parti d'ici à juin. Il a, au demeurant, exposé le calendrier des préparatifs inhérents à la préparation du congrès. Un travail qui commence dès la semaine prochaine avec l'installation des bureaux provisoires de wilaya ainsi que l'installation de l'instance de préparation des textes, laquelle sera constituée de 8 commission et, enfin, la réunion des 4 précongrès régionaux durant le mois d'avril. Pestant devant les médias le lendemain d'une féroce répression policière à l'encontre d'un sit-in à Alger de l'Icso qui a été empêché, l'ancien chef de gouvernement a fait remarquer la difficulté qu'il y a d'appartenir à l'opposition politique dans un régime politique tel que celui algérien. "Il n'y aura pas de surprise pour nous et nous savons parfaitement ce qui nous attend. Et pour ceux qui continuent toujours à nourrir les illusions sur la pratique politique pluraliste dans notre pays, la lettre présidentielle du 19 février dernier est venue rappeler la véritable nature du régime politique qui sévit chez nous", a averti Benflis, accusant que "ce message est venu révéler, une fois de plus, que le régime fait une fixation, développe une obsession et entretient une véritable phobie à l'égard de l'opposition nationale". Enchaînant sur ses critiques à l'égard du régime en place, l'ancien chef de gouvernement dira : "Nous aurions tant aimé que le régime politique en place s'occupe un peu moins de l'opposition et un peu plus du règlement des problèmes du pays", ajoutant que "le régime politique en place agit comme si la source de tous les problèmes du pays était dans l'opposition nationale et non dans ses propres errements, ses propres manquements et ses propres défaillances. Nous devons bien nous résigner à constater que désormais le régime politique en place ne règle plus les problèmes du pays, il en crée lui-même". L'ancien chef de gouvernement a accusé également le pouvoir d'avoir poussé sa gabegie jusqu'à en devenir "une véritable entreprise de prédation de ressources naturelles". En somme, une corruption, une évasion fiscale, des fuites de capitaux et des pratiques commerciales illicites devant lesquelles ni le gouvernement, ni le Parlement, ni la justice et encore moins l'organe national de lutte contre la corruption et sa prévention n'ont réagi. Pour Benflis, cette prédation est conduite par les clientèles du régime politique qui se sentent protégées et qu'elle est une véritable menace à la sécurité nationale. Réitérant que le pouvoir est vacant, Ali Benflis a noté qu'il n'est pas normal que le chef de l'Etat ne s'adresse pas à son peuple dans des situations comme celle qui a prévalu lors de l'attentat de Tigantourine ou du soulèvement des populations d'In-Salah en passant par le drame de Ghardaïa. "Le Haut-Conseil à l'énergie aurait dû être réuni et consulté sur la question du gaz de shiste, le gouvernement aurait dû organiser un débat", a-t-il déploré. S. A. I.