Le procès en appel du militant du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Belkacem Khencha, et de ses camarades, n'a finalement pas eu lieu mercredi passé. Celui-ci a été reporté au 25 mars prochain. Pour cause ? La défense des prévenus a franchi un nouveau palier en décidant à l'unanimité, purement et simplement, de se retirer du procès. Selon Me Ahmine Nouredine, membre du collectif de la défense et très actif au sein du Réseau algérien des défenseurs des droits de l'Homme (Raddh), "des personnes désireuses d'assister au procès, dont certains membres des familles des détenus ainsi que la presse, ont été empêchées d'accéder à la salle d'audience. Cette privation a même touché les témoins en faveur des détenus. Un état de fait qui s'est couronné par une quasi-inexistence du public dans la salle". "On s'est retiré pour ne pas cautionner un procès qui ne peut déboucher que sur une parodie de justice", a-t-il ajouté. Les citoyens, dont des membres des familles des détenus et les correspondants de la presse, venus nombreux tôt le matin pour assister à ce procès très attendu, ont été surpris par le nombre important des agents de l'ordre présents dans l'enceinte et aux alentours du palais de justice de Laghouat. Une vaste opération d'arrestation a été opérée aux environs de 9h. Une dizaine de citoyens, dont Hamid Ferhi, coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), ont été arrêtés et conduits au commissariat où des procès-verbaux d'audition ont été consignés à leur encontre. Joint par téléphone, Hamid Ferhi nous a indiqué qu'il a été "embarqué" vers 9h, au moment où il lisait son journal en attendant l'ouverture de la porte du tribunal. Il s'est retrouvé au commissariat avec 7 autres personnes arrêtées pour les mêmes motifs, avant d'être relâchées aux environs de 15h, nous a-t-il indiqué. Pour toutes ces raisons, le collectif des avocats de la défense a dit se voir mal de plaider le dossier des présumés coupables. Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh, aile Benissad) a dénoncé dans un communiqué rendu public "les interpellations opérées par les forces de l'ordre", avant d'ajouter que "des citoyens qui voulaient exprimer leur solidarité avec les détenus ont été arrêtés". Pour rappel, ces détenus devaient être jugés en appel pour répondre aux accusations qui leur sont reprochées, à savoir "l'attroupement non armé (art. 97 du code pénal) et pour actes, paroles ou écrits publics qui ont pour objet de faire des pressions sur les décisions des magistrats, tant qu'une affaire n'est pas irrévocablement jugée (art. 147 du code pénal)". Le tribunal de première instance de Laghouat avait condamné, le 11 février passé, chacun des prévenus à 12 mois de prison ferme dont 6 avec sursis, et ce, après avoir été interpellés lors d'un sit-in organisé en solidarité à un autre militant du même mouvement. Il s'agit de Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Benkouider Faouzi, Bensarkha Tahar, Djaballah Abdelkader. "Le verdict avait été prononcé en catimini, avant presque l'ouverture de l'audience", selon un communiqué rendu le même jour par le Réseau algérien des défenseurs des droits de l'Homme (Raddh). "Il a été trop sévère et injuste" aux yeux de Me Noureddine Ahmine, qui a aussitôt interjeté l'appel. Quant au dénommé Regue Mohamed (32 ans), le verdict est de 18 mois ferme et une amende de 20 000 DA. Pour rappel, les détenus à la prison de Laghouat avaient observé une grève de la faim d'une huitaine de jours dès le prononcé du verdict, pour dénoncer les peines que la justice avait prononcées contre eux en première instance. B .A.