En l'absence de réformes indispensables, "l'économie algérienne risque d'être condamnée à une croissance modeste", prévoit la Banque mondiale. "Les performances de l'économie algérienne apparaissent mitigées. Le pays a enregistré une croissance proche de 3% au cours des trois dernières années, grâce à une expansion de 6,4% dans les secteurs hors hydrocarbures." C'est ce que relève la Banque mondiale dans une mise à jour publiée le 31 janvier dernier. L'institution de Bretton Woods précise que le développement des infrastructures et de l'agriculture, qui constituent deux secteurs économiques majeurs, en dehors du pétrole, ont largement contribué à ces performances. Le produit intérieur brut (PIB) par habitant a atteint 5 451 dollars en 2013, note la BM, dépassant son pic de l'année 2008 (4 967 dollars). Tous les secteurs ont connu une croissance durant cette période, à l'exception de celui des hydrocarbures où la production est en recul depuis 2006. L'inflation, qui avait grimpé à près de 9% en 2012, en raison d'une politique budgétaire expansionniste, est retombée depuis à 3% et reste actuellement à un niveau modéré. "Toutefois, la baisse rapide de la production et des exportations d'hydrocarbures a entraîné une réduction de l'excédent du compte courant extérieur qui, si elle se poursuit, pèsera à terme sur le budget de l'Etat", avertit la Banque mondiale, indiquant que l'économie algérienne continue de dépendre pour une large part du secteur des hydrocarbures qui représente environ un tiers du PIB du pays et 98% de ses exportations. "Tandis que la production pétrolière décline, la consommation d'énergie, elle, est à la hausse", constate l'institution de Bretton Woods. Dans le contexte des bouleversements politiques qui ont traversé récemment les pays arabes, "le gouvernement algérien est parvenu à maintenir la stabilité en recourant à la fois à l'adoption de réformes politiques marginales et à des dépenses dans le secteur public", rappelle la Banque mondiale. Cependant, estime-t-elle, les défis économiques que doit relever le pays à long terme n'en demeurent pas moins toujours d'actualité, à savoir la réduction des subventions, l'amélioration de l'environnement des affaires, la diversification de l'économie et la création d'emplois dans le secteur privé. "Les promesses du nouveau gouvernement issu de l'élection présidentielle d'avril 2014, qui s'était engagé à agir plus vigoureusement, ne se sont pas encore concrétisées", a noté la Banque mondiale. Le développement du secteur privé est entravé par les difficultés d'accès au crédit, les complexités de l'environnement réglementaire et la lourdeur des procédures de création d'une entreprise. Si le chômage s'est globalement stabilisé autour de 10% depuis 2010, il atteint 24,8% chez les jeunes et 16,3% chez les femmes. Le processus d'intégration du pays au commerce mondial évolue très lentement et les négociations en vue de son adhésion à l'OMC n'ont pas beaucoup avancé. Sur le plan budgétaire, l'adoption d'une politique expansionniste a permis à l'économie de se redresser, mais a creusé le déficit, qui a atteint un niveau record de 5% du PIB en 2012 et devrait rester élevé en 2014-15 compte tenu de la baisse des recettes tirées des hydrocarbures. Malgré une tendance à la baisse au cours des deux dernières années, les dépenses publiques se situent autour de 35% du PIB, en partie sous l'effet d'un accroissement du budget alloué au programme d'investissement, mais en raison surtout du niveau élevé des dépenses consacrées aux salaires et transferts. Les subventions, en particulier, qui devraient atteindre près de 13% du PIB en 2014, continuent de peser sur les finances publiques, "ce qui souligne l'urgence d'une réforme en la matière". En l'absence des réformes indispensables, "l'économie algérienne risque d'être condamnée à une croissance modeste", prévoit la Banque mondiale, pour qui la diversification économique et la réduction de la dépendance à l'égard du secteur des hydrocarbures sont deux conditions essentielles pour assurer une croissance forte et équilibrée. Pour la Banque mondiale "le programme de développement actuellement mené par le gouvernement n'a pas été à la hauteur des attentes". M. R.